Publié le Dimanche 2 février 2025 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Elle est drôle, vous, votre vie ?

Sous mes airs bourrins et mes attitudes bourrues, parce que mes mots sont parfois au-delà du politiquement correct ou du socialement acceptable, je suis quelqu’un de bien éduqué.

Si, si. Je vous assure.

Déjà, je suis très déçu que vous doutiez de moi à ce point-là. Ensuite, dites-vous bien que pour se comporter ainsi, avec ce manque de contenu et cette habitude à envoyer valser les convenances, il faut soit être complètement con, soit très joueur, pour aimer flirter avec la ligne entre l’acceptable et l’inacceptable. Et je ne suis pas complètement con. J’aime simplement foutre des coups de tatanes dans les limites pour les faire bouger et si je chausse du 42 fillette, sachez que mes groles sont coquées.

Bref, ce que vous prenez parfois pour un comportement qui manque clairement de subtilité et de finesse n’est, au final, qu’une main au cul des convenances à une époque où elles sont de plus en plus étriquées et nous enferment dans un carcan moral débilitant.

Mais sinon, je sais très bien me tenir en société quand il le faut. Et je sens, là, de suite, que vous me demandez un exemple. Ha ha ! J’en ai un justement. Tenez, hier, au marché, mon poissonnier m’a annoncé qu’il partait en vacances en Thaïlande dans 15 jours. Et bien il y avait du monde, et du monde avec une moyenne d’âge flirtant avec la quatre-vingtaine, dans un bled où les mamies qui sont de sortie l’hiver ont plus de visons que de doudounes en polyester.
Résultat, parce que je suis quelqu’un de bien élevé, j’ai évité de lui demander s’il y allait pour les putes mineures. Ha ! Vous voyez que j’ai de l’éducation !

Je ne vous sens pas convaincus. Vous voulez un autre exemple ?

Toujours mon poissonnier. Toujours en parlant de ses vacances en Thaïlande. Quand il m’a expliqué qu’il y allait en famille, avec sa fille de 12 ans, et bien je ne lui ai pas demandé non plus s’il y allait pour la prostituer. Ha ! Vous voyez que j’ai de l’éducation !

Je vous assure. De l’éducation, j’en ai plein. C’est juste que, parfois, je ne sais pas quoi en faire. Et que parfois, avoir une bonne éducation, c’est quand même vachement moins drôle.

Lundi dernier, un gamin assis côté de moi dans le bus m’a demandé si je pouvais le laisser passer parce qu’il descendait au prochain arrêt. Je lui ai lancé un regard courroucé et lui ai répondu « non ».
Devant son air estomaqué – et légèrement paniqué – j’ai ajouté que c’était une blague et je l’ai bien évidemment laissé passer. Mais sur le coup, j’ai cru qu’il allait me faire une syncope.
Quand on a une bonne éducation, on ne fait pas des choses comme ça. Je suis d’accord. Mais c’est quand même vachement moins drôle.

Hier, je suis monté dans le caddie du supermarché pour voir si j’en étais encore capable. La réponse est oui. Le caddie a moyennement aimé au niveau des roues. La boîte de gâteaux et la salade sur lesquelles je me suis assis également.
Quand on a une bonne éducation, on ne fait pas des choses comme ça. Je suis d’accord. Mais c’est quand même vachement moins drôle.

Et enfin, écrire un édito, semaine après semaine, en racontant des trucs pareils… certains dont vous êtes persuadés, sans doute, qu’ils sont faux ou exagérés… alors qu’ils ne le sont pas…
Quand on a une bonne éducation, on ne fait pas des choses comme ça. Je suis d’accord. Mais c’est quand même vachement moins drôle.

Et vous ? Posez-vous la question. Elle est drôle, votre vie ?

Allez, Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.