Publié le Dimanche 7 avril 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Papa et heureux de l'être

Ma femme me demande parfois si je n’aurais pas préféré avoir un « p’tit mec ».
Non, je vous rassure, je n’ai pas viré ma cuti. Malgré le grand débat sur le mariage homosexuel et le fait que je me sois déjà prononcé plusieurs fois en faveur, et malgré le fait qu’aujourd’hui, je porte un tee-shirt rose, ma femme ne se demande pas si je ne préfèrerais pas me serrer dans les bras d’un poilu lors d’une soirée VIP de la boîte en vogue « Fucking Blue Boy ».
J’ai beau avoir une immense affinité avec le monde homosexuel, ma passion pour le sexe féminin l’emporte. Et là encore, quand j’évoque le « sexe féminin », je veux parler de la Femme en général, et non pas seulement de ce qu’elle peut cacher, épilé ou non, sous sa petite culotte. Je ne suis pas obsédé à ce point. Malgré ce que peut en dire ma femme. Enfin je ne crois pas. Enfin peut-être. Mais bon. Hein. Soit. Passons.

Non, quand ma femme me demande si je n’aurais pas préféré avoir un « p’tit mec », elle parle de nos enfants. Pour ceux qui ne le savent pas encore, j’ai 40 ans en octobre prochain, j’ai une fille de 8 ans et une autre de 4 ans. Et je vais me faire engueuler par ma mère – oui, sachez que vos parents continueront à vous engueuler quel que soit votre âge – parce que je parle de mes filles et que je ne devrais pas « parce qu’on ne sait jamais, il y a tellement de fous aujourd’hui, il faut faire attention et ne pas trop en dire ». Manquerait plus que je rajoute une photo, tiens. Ha ha ha. Hem.

Bref. Suis-je déçu d’avoir eu deux filles et aucun garçon ?

J’avoue avoir déjà évoqué un certain regret à ne pas pouvoir monter un circuit de voitures électriques, à taquiner le ballon de foot, à jouer aux figurines Star Wars qui, du coup, moisissent par dizaines dans ma cave (plein d’originaux des années 80. Les boules, hein ?). Je ne pourrai pas non plus me faire des soirées films d’horreur ou alors il faudra que je supporte les cris stridents et les hurlements suraigus de panique. Et accepter que sa gamine dorme dans le lit de papa et maman à 15 ans, juste parce qu’on lui a fait voir Evil Dead, ben c’est lourd, quoi.

C’est vrai qu’habiller une Barbie me botte moins que rejouer la scène d’attaque de la base rebelle sur Hoth. Que jouer à la maîtresse avec les Littlest Pet Shop est nettement moins fun que se jouer les 24 heures du Mans avec un circuit TCR. Et que le château princesse Playmobil m’attire moins que le bateau pirate.

Mon nom disparaîtra également, en théorie, avec moi. A moins que mes filles restent célibataires ou que la mode dans quelques années soit que le mari prenne le nom de sa femme – on ne sait jamais, hein, avec les caniches de garde et autres mouvements féministes, on y vient tout doucement -, normalement, mon nom ne devrait pas me survivre. Alors certes, mon frère a deux mecs. Et je dois bien avoir un ou deux cousins qui ont ou auront des garçons. Mais je veux dire que ma descendance directe, si descendance il y a, ne portera pas mon nom. Tant pis pour eux.

Mais vous voulez savoir ? Tout ça, je m’en balance au final. Parce qu’avoir des filles, c’est formidable. C’est mignon, une gamine. Plein de joie, d’amour et de tendresse. Rien de tel que les câlins des petites filles. Rien de tel que d’être réveillé le matin parce qu’elle se glisse sous la couette avec vous pour vous coller ses pieds froids dans le dos. Ou qu’elle vous met la main sur la bouche en vous disant « dis papa, pourquoi tu ronfles ? ». Parce qu’une fille, ça fait de jolis dessins. Ça vous redécore la maison en rose.
Et puis avouons-le : c’est formidable pour l’égo. Parce qu’un papa, c’est Dieu pour ses filles. Elles lui apportent son café, elles lui apportent son whisky et elles lui donnent des gâteaux apéritifs sans qu’il les demande. Alors qu’il traverse le salon, il se rend compte d’un truc qui s’est d’un seul coup attaché à sa jambe et voit l’une de ses gamines qui lui fait un « câlin furtif » et lui disant qu’elle l’aime.
Une fille, c’est tout dans la tendresse et la délicatesse. Pleine d’attention. Et une fille, ça remue ses longs cils pour attendrir le cœur de son papa chéri.

Je le sais. J’ai ça à la maison. Et je ne l’échangerais pour rien au monde. Pour aucun petit mec de toute la terre.

Je sais qu’il faut que j’en profite. Même si Papa, ça restera Dieu éternellement pour ses gamines, et quand bien même ça passe de la figure d’Apollon à celle de Bacchus en quelques années. Plus tard, ce seront d’autres moments. D’autres partages. D’autres connivences.

Alors je préfère te prévenir, mon petit gars. Mes gamines, il va falloir les mériter. Il va falloir déjà réussir à séduire le papa pour espérer avoir le droit à leur attention. Et là, sincèrement, c’est loin d’être gagné. Je ne donnerai pas mes filles au premier venu. Au premier petit con boutonneux qui porte son jean sous les fesses pour exhiber sa raie du cul saveur Dim ou Athéna. Ou qui me soutiendra que Sexion d’Assaut sont les nouveaux poètes de ce siècle. Il va falloir qu’ils se battent, tous les petits merdeux, pour avoir le droit de poser leur regard sur mes gamines.

J’ai encore le temps. Mais j’en rigole d’avance. Et vous pouvez en rire vous aussi, à mon avis. Qui sait ? Peut-être un jour aurez-vous la primeur de ces histoires dans un quelconque édito ?

Allez, sur ce, je vous laisse. Je vais lustrer ma batte de baseball et affûter ma hache. On n’est jamais trop prudent, ni trop préparé.

Passez un bon dimanche.


PS : J’avoue, je n’ai pas parlé de mon amie Stéphanie dans cet édito. Alors que je le fais chaque semaine depuis le début de l’année. Notez qu’il lui est un peu dédié, vu qu’elle a deux filles également. Et non, pas les mêmes que les miennes. C’est juste une amie. Même pas une « sex-friend », comme on dit. Enfin… Euh… Bref. Passons. Elle, ou plutôt son mari, se reconnaîtra donc sans doute dans mes propos. Et promis, je vous parlerai d’elle plus en détails un de ces jours.

Ou pas.