Publié le Dimanche 31 août 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Je suis

Je suis le chevalier blanc. Je porte secours aux faibles et aux opprimés. Je combats l’injustice. Je combats les tyrans et leurs armées sanguinaires sans foi ni loi.
Je suis le chevalier Noir. Celui qui pourfend sans état d’âme le coupable ou l’innocent. Qu’importe la morale ou la justice. Je me bats avant tout pour les miens, qu’importe le coût, qu’importent les victimes.
Je suis l’opprimé qui plie sous l’infamie et la tyrannie. Je pleure des larmes de sang en creusant la terre à mains nues. Je courbe le dos sous les coups et le fouet sans râle ni cri, les dents serrées à s’en déchausser de douleur.
Je suis le bourreau qui fouette sans relâche, lacérant le dos des esclaves et des faibles, prenant son plaisir dans les traits sanguinolents qui se révèlent sous mes coups.
Je suis la Justice.
Je suis l’injustice.
Je suis cet être éthéré qui parcourt le monde à la recherche d’un corps.
Je suis l’infortuné dont l’enveloppe vide attend la mort pour fuir la peine et le malheur.
Je suis cet être suprême qui veille, regarde, pèse, juge, intervient ou laisse faire, regarde et ferme les yeux, entend et se rend sourd, se souvient et oublie.
Je suis cet homme banal, dont la vie n’est ni meilleure, ni pire que celle d’un autre.
Je suis cette femme banale, dont la vie n’est ni meilleure, ni pire que celle d’une autre.
Je suis ce rêve d’une existence fabuleuse. Je suis cet espoir de lendemains qui chantent. Je suis ce but inaccessible de souvenirs merveilleux.
Je suis ce soldat qui meurt pour sa patrie.
Je suis ce combattant qui survit à une guerre qu’il ne comprend pas.
Je suis cet enfant qui pleure sans savoir tout à fait pourquoi.
Je suis cette jeune fille qui ploie sous les coups d’un violeur.
Je suis cette femme qui ploie sous les coups d’un mari.
Je suis un mari qui ploie sous les coups d’une femme.
Je suis ce jeune homme qui ploie sous les coups d’un violeur.
Je suis ce songe inaccessible.
Je suis ce cauchemar.
Je suis cette décharge d’adrénaline.
Je suis cette douceur cotonneuse qui vous enveloppe au moment du sommeil.
Je suis cet amour que vous n’aurez jamais.
Je suis cette tendresse qui vous submerge.
Je suis cet homme dont le besoin de faire mal est insoutenable, et qui n’éloigne sa peine et sa douleur que dans les cris, les larmes et la mort de sa victime.
Je suis l’intelligence.
Je suis la bêtise.
Je l’eau douce, source vitale de tout être.
Je suis l’alcool enivrant dont l’abus provoque nausées et migraines, et qui vous fait perdre la tête si on en abuse, et peu importe si c’est en bien ou en mal.
Je suis la MORT.
Je fuis la vie.
Je suis le silence et le bruit.
Je suis l’obscurité et la clarté.
Je suis la joie et la peine.
Je suis l’amour et la haine.
Je suis le voyant et l’aveugle.
Je suis l’ouïe et le sourd.
Je suis la parole et le muet.
Je suis l’homme et la femme.
Je suis l’adulte et l’enfant.
Je suis le passé et le futur.
Je suis le présent.
Je suis l’avant et l’après, le maintenant et le jamais.
Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin, celui qui est, qui était et qui est à venir, le tout-puissant.
Je suis l’Apocalypse.

Aimez-moi et craignez-moi.