Publié le Dimanche 13 janvier 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Et si vous arrêtiez d'être cons ?

Encore une fois, je vous le rappelle, ça ne sert à rien de chercher à m’interpeler sur des sujets d’actualité, pour que j’en fasse des éditos. Primo, je fais ce que je veux. Si la société s’effondre, que la guerre éclate ou qu’une météorite géante s’écrase sur la planète annonçant la fin de l’humanité et que moi, j’ai envie d’écrire à ce moment-là un édito sur les chaussettes, et bien j’écrirais un édito sur les chaussettes.

Secundo, vos convictions ne sont pas les miennes. Vous portez des tongs l’été, vous buvez du Red Bull, vous mangez des framboises alors que je déteste ça et vous soutenez activement le massacre de la langue française et de la musique en achetant les albums de Jul. Nous ne sommes pas pareils. Nous ne vivons pas dans le même monde. Nous n’avons rien en commun. Alors arrêtez de croire que je peux vous apporter un quelconque soutien.

Tertio, si ma parole avait une portée biblique, ça se saurait. Les gens se prosterneraient à mon passage et les femmes me jetteraient leurs petites culottes en hurlant « vas-y, prends-moi, fais-moi tout, oh oui, vas-y, traite-moi comme une chienne, fesse-moi avec ton sexe turgescent, oh oui oh oui ». Ce qui, soit dit en passant, serait gênant quand je vais juste acheter une miche à la boulangère. Et la dernière fois qu’une femme que je ne connaissais pas m’a demandé quelque-chose, c’était d’attraper non pas ses fesses, mais un paquet de céréales situé trop haut sur le rayonnage du supermarché.

Quarto, je n’ai pas envie de parler à nouveau du mouvement des gilets jaunes. Sans en juger les tenants ou les aboutissants, si je dois vraiment dire un truc dessus, ce serait peut-être de rappeler que 80 000 manifestants hier (300 000 au plus fort du mouvement), ce n’est pas le peuple qui s’exprime, ni la France dans la rue. C’est un mouvement composé d’une infime partie de la population. On est loin des 2,5 millions d’étudiants dans la rue en 2003, par exemple. Même les funérailles de Johnny ont rameuté plus de monde. Même ces gros cons de La Manif pour tous avaient fait mieux avec plus de 600 000 manifestants en 2014. Donc n’oublions pas qu’on est devant une minorité qui essaie d’imposer son point de vue et ses revendications.
En disant ça, je ne juge ni la justesse de ces revendications, ni la nécessité d’imposer des changements à la politique gouvernementale. Juste remettre les choses en perspective. Et rappeler que ce n’est pas parce que tu ne soutiens pas un mouvement que tu es forcément un connard, un salaud, une merde et j’en passe. Condamner quelqu’un parce qu’il n’a pas les mêmes opinions que vous s’apparente ni plus ni moins à une forme de fascisme et de totalitarisme.

Quinto, arrêtez, mais putain, arrêtez de coller des citations ou des pseudo-phrases philosophiques à la con dans vos pages Facebook. Si la plupart sont niaises et semblent tout droit sorties d’une brève de comptoir entre deux mecs complètement torchés (à la vodka Red Bull, pour rester dans l’ambiance), la quasi-totalité sont bourrées de fautes d’orthographe qui rendent le propos complètement ridicule. Je suis désolé, mais un mec qui balance une grande phrase toute faite ou même une revendication pleine de fautes d’orthographes, ça le fait avant tout passer pour un gros con. Dieu sait si les grands philosophes ont tendance à m’emmerder et que je me suis toujours plutôt rangé du côté des amuseurs publics, mais si Socrate avait écrit « il vau mieu obaihir au loi qu’au homes », ou encore « il ai plu maleureu de comètre une ainjustisse ke deu la soufrir », on l’aurait rapidement pendu par les testicules et ses écrits ne seraient pas parvenus jusqu’à nous.

Sexto, je voulais au moins arriver jusqu’à sexto, parce que ça me fait rire et que je suis un grand enfant.

Septimo, si vous aviez un minimum de culture, bande de moules, au lieu de vous gaver de séries TV à la con, vous sauriez que si ces citations sont bel et bien attribuées à Socrate, ce dernier n’a rien écrit de son vivant.

Octavo, c’est con de préciser qu’il n’a rien écrit « de son vivant ». Comme si par contre, il avait écrit quelque chose « après sa mort ».

Nono, je voulais au moins arrive jusqu’à nono, parce que ça me fait rire et que je suis un grand enfant, je vous l’ai déjà dit.

Decimo, on va s’arrêter là. Essayez juste d’être un peu moins cons pour cette année 2019. Ça fera des vacances à tout le monde.