Publié le Dimanche 11 octobre 2009 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

GamAlive ferme ses portes

La nouvelle est rude. Abrupte. Douloureuse.
Mais voilà. GamAlive ferme ses portes.
C'est comme ça. C'est la vie. Ou en l'occurrence, ici, la mort. Vous n'y êtes pour rien, je n'y suis, et c'est vrai, pas pour grand chose, mais GamAlive fermera ses portes le lundi 19 octobre prochain. Définitivement.
Et pourtant, tout va bien. Les comptes sont au beau fixe. Les visiteurs sont chaque jour un peu plus nombreux. Le site tourne bien. Même si actuellement, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent question news, nous arrivons à vous remplir la journée, et pas n'importe comment, avec de l'info intéressante.
J’ai décidé, en mon âme et conscience, et après en avoir longuement discuté avec mon épouse, de quitter le métier. Malgré moi.
Mais l’heure n’est pas aux pleurs ou aux plaintes. Nous garderons pour nous les souvenirs de doux moments, de bons moments, de grands moments. Désormais, vous ne verrez plus jamais un top japonais de la même manière. Et peut-être même verserez-vous une larme nostalgique en notre mémoire. Désormais, Wii Music ou Haze resteront dans les annales des tests de jeux vidéo. Metal Gear Solid, GTA ou Final Fantasy ne seront plus tout à fait les mêmes. Et surtout, pour le prochain jeu Zelda, votre première question sera de savoir si, oui ou non, Zelda, c’est moche.
J’aurais laissé une petite marque dans le monde du jeu vidéo. Toute petite, voire insignifiante, pour certains. Grande pour d’autres.
Quoi qu’il en soit, je vous remercie pour ces années de plaisir. Ces années de doutes, de souffrances, d’énervements et de bonheur immenses. Ces années à militer pour faire comprendre que ce n’est « que » du jeu vidéo et que si certains mettaient ne serait-ce qu’un dixième de l’énergie qu’ils mettent à défendre leurs jeux ou consoles préférés dans des causes plus nobles, le monde ne s’en porterait que mieux.
Mais voilà. Les bonnes choses ont une fin. Et GamAlive est arrivé au bout de son aventure.
Alors pourquoi ? Pourquoi un tel coup d'arrêt de votre site préféré ? Pourquoi vous laisser désormais orphelins ? Pourquoi vous obliger à aller errer sans joie ni passion sur d'autres sites ? Pourquoi partir ? Pourquoi déserter de la presse du jeu vidéo, monde qui pourtant a tant besoin de trublions comme nous ?

Simplement parce que je vais mourir.

Voilà. Je vous le confie sans pudeur. Avec honnêteté. Ma vie va s’arrêter. Brutalement. Et croyez-le, j’en suis le premier affecté. En ces moments difficiles, j’ai une pensée pour mes filles. Mes amours. Mes raisons de me battre jusqu’au dernier souffle. Mes larmes d’espoir. Mes larmes de regret. Regret de ne pouvoir être là plus longtemps pour les accompagner dans la vie.
Le proverbe dit que ce sont les meilleurs qui partent les premiers. J’ai comme un doute, pour le coup. Mais c’est gentil de le penser, donc. Je ne sais pas si je vous manquerai. Mais moi, là où je vais, vous me manquerez sans doute. Ou pas. Qui sait ?

Bon. Je suppose que vous désirez quelques explications supplémentaires. Non, je n’ai pas de maladie. Du moins pas que je sache. Je n’ai pas non plus l’âme suicidaire. Pas que je sache non plus. Je ne suis pas allé consulter une arnaqueuse et sa boule de cristal non plus.

Simplement…

Je pars jeudi prochain, à l’aube, pour un long week-end à Saint-Pétersbourg. Un voyage de plaisir, avec ma femme. On laisse les gamines aux grands-parents. Et on s’envole en tête à tête pour quatre jours de dépaysement total dans une ville qui s’annonce comme sublime.
Et non, je n’ai pas de problème avec la pègre locale. Du moins pas que je sache non plus. A moins que la mafia russe ne soit fan de Zelda. Seulement voilà…

J’ai peur en avion.

Et cette peur ne cesse de croître au fur et à mesure de mes voyages. Et cette fois-ci, je suis terrorisé. Vraiment. Ça n’a rien à voir avec les récents accidents. Je flippe, c’est tout. Grave. A en faire des cauchemars depuis un mois.

Alors bien entendu. Il y a des chances, aussi minimes soient-elles, pour que l’avion ne s’écrase pas. Pour que l’aller comme le retour se déroulent parfaitement bien. Pour que je survive à ce week-end. Pour que lundi matin, je reprenne le boulot comme si de rien était. Pour que cet édito ne soit, au final, qu’une mauvaise blague. Pour que je garde de Saint-Pétersbourg uniquement de bons souvenirs. Pour que la vie continue ensemble. Et dans ce cas, effectivement, le site ne fermera pas. Du tout. Bien au contraire. Et j'en serai le premier heureux, parce que j'ai plein de projets, dont certains déjà en développement, et d'autres, à venir.

Mais bon. Mieux vaut prévoir, hein. Parce que les avions, ça tombe. Et que je peux très bien être dedans. Ou même dessous, vu que j'ai un aérodrome à côté, mais ça, c'est autre chose.

En attendant, donc, Vincent et Geoffroy tiendront la barre dès jeudi prochain. Ce sont eux qui feront voguer le navire et qui regarderont les infos, inquiets, pour savoir si un avion s’est abîmé dans l’archipel nippon (oui, je sais, ce n’est pas la route, mais on ne sait jamais avec les tornades, où ça peut vous entraîner). Si un touriste n’a pas été pris pour cible par la mafia locale. Ou n’est pas mort ivre après avoir fait le pari avec un paysan du coin de boire cul sec six bouteilles de vodka distillées maison.

Et l’on se retrouvera le lundi d’après. Allez, il faut y croire. Si, si. Pensez à moi, comme je vous aime, et vous me délivrerez. Vous briserez l'anathème qui me tient loin de vos bras. Pensez à moi comme je vous aime, rien ne nous séparera, même pas les crytsanthèmes, vous verrez, on se retrouvera.

Et dès mon retour, on aura plein de choses à fêter. Et le test vidéo de Wii Fit Plus à faire. Et plein d'autres choses encore. Du sexe. De la violence. Du sport. De l'alcool. De la modération. De l'absence de modération. Et des bébés morts. Que du bonheur, donc.

Et ça, ça se fête en chanson.