Publié le Lundi 13 novembre 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test Alan Wake 2 (PC, PS5, Xbox Series)

Un si beau cauchemar

Sorti en 2010, le premier Alan Wake n’avait pas remporté le succès escompté, malgré des qualités indéniables et un engouement critique, notamment de notre part. La sortie du jeu la même semaine que Red Dead Redemption y est sans doute pour beaucoup. Mais même Alan Wake’s American Nightmare, sorte de spin-off tout aussi réussi et sympathique n’arrivera pas à convaincre les joueurs.

Autant vous dire que voir Remedy persévérer et sortir Alan Wake 2, 13 ans plus tard, est une surprise. Mais une bonne surprise. Bon. Sortir le jeu une semaine après Spider-Man 2 n’est pas forcément malin, encore une fois, mais bon… reste à savoir si cette suite mérite quand même qu’on vous conseille (voire ordonne) d’y jouer.

Nous revoilà à Bright Falls. La ville où tout a commencé et où Alan, il y a 13 ans, a plongé dans les limbes de l’entre-mondes, baptisé l’antre noir, pour sauver sa femme, mais s’y est retrouvé piégé. La ville est le théâtre de crimes sordides. Saga Anderson, agente du FBI, débarque pour enquêter sur ces meurtres.

Le jeu vous propose de suivre les deux histoires : celles d’Alan, qui tente d’écrire une histoire capable de le faire sortir de l’antre noir et Saga, bien décidée à élucider ces meurtres. Il n’y a pas d’ordre précis : vous pouvez alterner entre les deux, faire l’un puis l’autre… le but est de toute manière d’aller au bout de ces deux aventures intimement liées.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a tellement de mauvais jeux mal racontés qu’Alan Wake 2 est un régal en ce qui concerne son scénario et sa narration. Un petit bijou comme on aimerait en voir tellement plus souvent. Même si, une nouvelle fois, l’histoire est complexe et tarabiscotée dans tous les sens, à nous perdre régulièrement, on retombe sur nos pieds à chaque fois et on se laisse porter par l’aventure. Mieux encore : Remedy offre une véritable enquête sombre, angoissante, avec ce qu’il faut de réflexion, ce qu’il faut d’exploration, ce qu’il faut d’action. Un mélange intelligemment dosé qui fonctionne à merveille.


En témoigne par exemple le palais mental de Saga, qui met le jeu en pause et vous permet de faire le point. Sorte de « hub » dédié à ce personnage dans lequel vous allez pouvoir étudier chaque preuve, chaque info, mais aussi découvrir les pages du nouveau livre d’Alan ou améliorer l’équipement que vous avez sur vous. De quoi en tirer quelques conclusions et trouver quelques réponses.
Ce palais mental fonctionne un peu comme les jeux d’enquêtes, à la Sherlock Holmes par exemple, permettant de recouper les indices. A ceci près qu’ici, il est optionnel et ne débouchera pas sur la résolution d’une énigme. C’est un havre de paix et de réflexion qui offre une vraie bouffée d’oxygène quand on a l’impression d’être un peu perdu.

De son côté, Alan a aussi la possibilité de faire une pause et d’accéder, dans une moindre mesure, à l’amélioration de ses armes ou les infos du livre qu’il est en train d’écrire – sans se souvenir de l’avoir fait – ce qui permet, soit dit en passant, de débloquer de nouvelles choses en le réécrivant, en choisissant d’autres voies et ainsi… réécrire l’histoire à votre avantage.

Ça peut sembler un peu obscur en l’expliquant ainsi mais croyez-le, le jeu est bien plus fluide au niveau de la narration qu’il n’y parait. Et ce, tout au long de la vingtaine d’heures que propose le jeu.

Ajoutez à cela une ambiance aux petits oignons. Graphiquement impeccable (même s’il mettra votre PC au supplice), avec des décors sublimes, une gestion des lumières exceptionnelle, mais aussi une ambiance sonore de grande qualité, Alan Wake 2 plonge encore plus dans l’angoisse et la terreur que le premier opus. Vous aurez bien plus de frayeurs et vos nerfs seront parfois mis à rude épreuve.

Alors certes, tout n’est pas parfait dans cette nouvelle aventure. Quelques facilités de gameplay mais aussi quelques redondances. On aurait peut-être aimé un peu plus de variété dans les actions à entreprendre, un peu plus de variété aussi dans missions secondaires. Le jeu a un fonctionnement qui sonne parfois un peu « old school » dans ses choix. Et ça ne plaira forcément pas à tout le monde. Enfin, jouer au premier épisode, sans être obligatoire, s’avère quand même un vrai plus.

Mais sa beauté, son ambiance, son écriture, son intelligence, sa maturité, le plaisir de replonger dans cet univers angoissant font d’Alan Wake 2 l’un des tous meilleurs jeux de cette fin d’année. Non, de cette année tout court.