Publié le Dimanche 6 décembre 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

J'espère que vous allez tous mourir

« C’était mieux avant ». La réflexion universelle, qu’on peut imager avec deux papys sur leur banc, appuyés sur leur cane, discutant avec tristesse d’un monde qui part en couille.

« C’était mieux avant ». La phrase qui sert d’introduction à des souvenirs heureux, où l’on pouvait sortir en culottes courtes sans avoir l’air con, tirer au lance-pierres sur les lampes des poteaux électriques et s’enfuir en riant, sans crainte de se prendre un tir de flashball dans la tête.

« C’était mieux avant ». Plus qu’une réflexion de vieux, une vérité nostalgique.

« C’était mieux avant ». La formule, répétée régulièrement au gré de mes éditos bougons n’était qu’un levier destiné à étaler ma mauvaise humeur au fil des paragraphes. Mais je n’ai jamais sérieusement pensé que l’avenir était au pire. J’ai toujours secrètement gardé l’espoir que le monde s’améliorerait une fois qu’il serait aux mains de cette jeune génération pleine de rêves et d’envies. Qu’un jour, on danserait tous dans une grande farandole de joie, de bonheur, youkaïdi youkaïda. J’ai toujours secrètement gardé l’espoir que le générique de fin ne serait au final qu’un générique de début, accompagné d’une musique entraînante sur laquelle, debout sur ma colline, je me lancerai dans un hélicobite final tel une éolienne majestueuse.

Je sais désormais qu’il n’y a plus aucun espoir. Le monde est irrémédiablement foutu. Et à vrai dire, je n’en ai plus rien à foutre. C’est bien fait pour sa gueule. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il crève au plus vite. Et je vous invite à tous vous suicider, dans un grand mouvement collectif. Les jeunes d’abord, s’il vous plait. Et massivement, si possible.

« C’était mieux avant ». Parce qu’avant, jamais, vous entendez, jamais on n’aurait osé élire Aya Nakamura artiste féminine francophone de l’année. On aurait, avant, essayé d’écouter ses paroles avant de se rendre compte qu’il n’y a rien de francophone là-dedans. On aurait essayé d’écouter la musique avant de se rendre compte qu’il n’y a rien d’artiste là-dedans non plus, cela dit.

« C’était mieux avant ». Parce qu’avant, jamais, vous entendez, jamais on n’aurait osé élire Squeezie révélation francophone de l’année, au mépris de toutes les conventions existantes destinées à la protection des civils.
Je vous rappelle la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne :


Autant d’articles violés sans vergogne, me laissant sur mon canapé, agonisant dans mon vomi, les oreilles en sang et le corps secoué de spasmes.

Et c’est à tel point, finalement, que l’élection de Dadju comme artiste masculin francophone de l’année, Vitaa et Slimane duo francophone de l’année, clip de l’année, chanson de l’année ou, enfin, un trophée d’honneur pour Maître Gims pourraient à la limite passer pour de simples erreurs et entraves au bon goût. Comme si un acte abominable pouvait presque passer pour un soulagement après avoir subi la quintessence de l’horreur. Comme se faire couper les jambes peut passer pour un moindre mal quand elles sont gangrénées, si vous préférez.

Parce que les NRJ Music Awards sévissent depuis trop longtemps, au mépris de tout respect de l’humanité, cautionnés par une génération définitivement putréfiée, il n’y a plus aucun espoir en l’avenir à avoir. Plus aucun espoir en cette humanité qui viole des femmes et des enfants, éventre des bébés à la machette, génocide des peuples entiers et, donc, écoute Squeezie. Sauf que pour les bébés et les viols, je peux éventuellement comprendre les motivations.

Au milieu de tout ça, les gens se sont précipités dans les boutiques dès leur réouverture, avec toujours un grand n’importe quoi au niveau du port du masque, ce qui, à ce niveau, n’est plus de la négligence ou de la connerie mais du handicap mental.
Ils vont tous se précipiter en famille durant les fêtes, parce qu’ils n’ont toujours pas compris que quand on parle de vagues, ça n’a rien à voir avec leurs prochaines vacances d’été à la plage.

Enfin, quand un nouveau confinement sera décrété en février, ils crieront tous à la décision liberticide, tout en refusant de se faire vacciner parce que, hein, les labos, hein, on sait tous que ce sont des pourris et les chercheurs, des charlatans. Des charlatans qui ont fait 8 à 12 ans d’études. Mais des charlatans quand même. Je l’ai vu sur Youtube.

« C’était mieux avant ». Et je vous emmerde tous. Je retourne dans mon antre écouter Indochine et Partenaire Particulier.