Publié le Dimanche 5 mai 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Une jambe en moins

Je sais que beaucoup d’entre vous pense que je raconte très souvent des conneries dans mes éditos. Et votre manque de confiance et de foi en moi m’afflige profondément, sachez-le. Mais pourtant, il y a bien plus de vérités que votre raison ne semble vouloir accepter.

La preuve, j’ai bel et bien passé une semaine le pied en vrac, à me traîner comme un handicapé, sans le fauteuil même si parfois, je n’aurais pas été contre en avoir un sur certains déplacements. Avec une jeune fille pulpeuse en bikini pour me pousser, si possible.
Toute la semaine, j’ai traîné la patte, à tel point que les gamins du quartier ont commencé à me surnommer « le boiteux ». Enfin, à vrai dire, le surnom en entier c’est « le monsieur boiteux qui fait peur et vaut mieux changer de trottoir quand on le croise », mais dedans, y’a « boiteux » quand même.

Ma morsure de serpent met un temps dingue à guérir et je maudis jusqu’au Saint Patron de la Météo qui m’oblige à porter des chaussures, compressant le pied et augmentant la douleur, alors que si on avait eu une petite canicule des familles, j’aurais pu me balader pieds nus.
Ma docteur m’a bien suggéré de porter des tongs à la place, mais en voyant ma tête, elle s’est rapidement excusée d’avoir eu cette idée saugrenue. Enfin, surtout dangereuse pour son intégrité physique, mais saugrenue aussi, quand même.

En attendant, je boite. Je claudique. Je me traîne. Je ralentis tout le monde dans les couloirs de métro ou les descentes de bus. Même les tétraplégiques me regardent avec pitié.

Pour faciliter mes déplacements, je me suis dit qu’il me fallait une canne. C’est bien, ça, une canne. Parce qu’en plus, ça peut servir à frapper les cons dans la rue ou dans les transports publics. Et y’en a plein, des cons, dehors. Mais si, par exemple, vous avez ceux qui mettent leurs appels en haut-parleur et qui gueulent, histoire d’en faire profiter tout le monde.
Sans déconner, je me demande tous les jours comment on en est arrivé là. A ce degré d’irrespect, de je-m’en-foutisme, de crétinerie, chez nos con(s)génères.
Je trouve ce genre de comportement ahurissant. Un total manque d’éducation et de civisme qui flirte avec la bêtise crasse.

Si vous en faites partie, il ne faudra pas vous étonner si un mec, un jour, commence à prendre part à votre conversation et commente chaque phrase. Ah ben oui, à partir du moment où vous mettez le haut-parleur, ce n’est plus une conversation privée. Ça devient une conversation publique et donc, vous risquez d’avoir un mec qui s’en mêle. Et vous risquez même que ce mec, ce soit moi. Et je ne suis pas certain que mes commentaires vous plaisent particulièrement. Enfin, en tout cas, la cavalière vegan qui discutait tout fort avec sa copine dans le bus a moyennement apprécié ma suggestion, à propos de son bourrin malade, d’abréger ses souffrances, de se préparer un bon petit tartare bien assaisonné et d’utiliser la peau comme descente de lit pour garder un souvenir. Alors qu’à mon avis, y’a un truc à creuser comme idée, là, notamment avec les enfants : « ne pleure pas ma p’tite chérie, pompon du poney-club est mort, mais regarder, on t’a récupéré un morceau-souvenir pour décorer ta chambre. Et comme ça, il sera toujours un p’tit peu avec toi. ».

En tout cas, j’ai finalement abandonné cette idée de me promener avec une canne, même si à la base, l’idée me semblait bonne. Ma chère, tendre et aimant épouse m’a fait remarquer que non, on ne peut pas se promener dans la rue avec une batte de baseball en prétendant que c’est une canne, même si on s’appuie dessus. Moi, honnêtement, je ne vois pas pourquoi. Mais elle a été très ferme là-dessus. Et puis je n’ai pas réussi à trouver de canne avec mon emblème dans le commerce. Ah, ça, on en trouve des cannes à poignée en forme de loup, de lion, de dragon, d’éléphant ou même de cheval. Mais impossible, totalement impossible d’en trouver une avec une poignée et forme de bite.

Quand je vous dis que le monde part en vrille.

Allez, parce que je ne suis toujours pas guéri, il faut que je fasse mes soins.

Smiley bisou. Cœur Cœur. Aubergine.