Publié le Jeudi 21 mars 2024 à 11:45:00 par Cedric Gasperini

 

Test Expeditions: A MudRunner Game (PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, Nintendo Switch)

Cars vs Wild

Certains jeux font recette, alors que sur le papier, on ne donnerait pas forcément cher de leur peau. Incarner un agriculteur, incarner un architecte d’intérieur, incarner un créateur de supermarché… Ou encore, traverser des forêts, des torrents de boue ou des tonnes de caillasses à bord d’une bagnole pour aller livrer du bois ou je ne sais quel matériau…

Et pourtant, ce dernier point a fait recette. Spintires il y a dix ans, a donné naissance à la série des MudRunner/Snowrunner. Des jeux dans lesquels on pilote de gros tout-terrain dans des conditions extrêmes. De bons jeux, au demeurant. C’est pourquoi on attendait cette nouvelle itération, Expeditions: A MudRunner Game, avec impatience. Parce que, bizarrement, faire le cake en 4X4 dans la boue, c’est amusant.

Expeditions: A MudRunner Game est plus axé sur l’aventure. On a moins, par rapport à ses prédécesseurs, l’impression « d’aller au boulot ». En effet, comme son nom l’indique, il s’agit de parcourir des contrées sauvages, de partir en « expédition », pour remplir des missions spécifiques et atteindre des buts précis. Ici, ce sera aller crapahuter sur des sites archéologiques, faire des relevés sismiques, récupérer des ressources… ces missions, plutôt variées (quoi qu’elles auraient pu l’être un peu plus) ne sont pas l’intérêt en soi du jeu. Comme l’ont dit tellement d’auteurs qu’on ne sait plus à qui l’attribuer, « L'important, ce n'est pas la destination, c'est le voyage ».

Vous allez en effet devoir soigneusement préparer votre expédition. Déjà, choisir son véhicule. Camion d’exploration, poids lourd de transport, 4x4 léger… chacun avec ses particularités, bien entendu, et ses intérêts. Difficile, par exemple, de traverser un cours d’eau profond en 4X4, sous peine de noyer le moteur. Difficile de grimper des pics rocheux avec un poids lourd de transport…
Pour atteindre votre destination, vous aurez aussi besoin d’outils techniques, voire technologiques. Le drone permettra de dévoiler le terrain devant vous, pour savoir quel chemin prendre, afin que la route soit plus sûre. L’échosondeur permettra de connaître la profondeur des cours d’eau. Le détecteur de métaux pourra vous aider à récupérer des matériaux. Le crochet permet de s’ancrer pour sortir de la boue, grimper ou descendre une pente s’il n’y a pas d’arbre alentours pour accrocher son treuil. Et le treuil bien entendu, sera votre meilleur ami.


Chaque mission vous conseillera sur le matériel à embarquer… mais il faudra aussi que vous choisissiez judicieusement l’expert qui vous accompagnera : il pourra vous aider à vous sortir de situations compliquées.

Tout ceci aura un coût, qu’il faudra gérer. Et bien entendu, vous gagnerez de l’argent au fur et à mesure de vos réussites. Cela vous permettra de développer votre camp de base, acheter plus d’outils, plus d’options… Attention toutefois. Si la tentation est grande de dépenser sans compter pour être certain de remplir des missions, dites-vous qu’il faudra toujours être « bordeline ». Avoir juste ce qu’il faut. Pas plus. Quitte à galérer plus longtemps durant vos expéditions. Parce qu’arrivera un moment une mission plus complexe que les autres qui vous demandera plus de ressources financières. Et ce serait dommage de la foirer dans les grandes largeurs parce que vous n’avez pas pu investir dans du matériel, faute de moyens.

Il faudra donc vraiment bien penser ses expéditions. Bien les préparer et ne pas partir vent du cul en gueulant « advienne que pourra ». Parce que c’est le meilleur moyen de ne pas pouvoir, justement.

L’Arizona et les Carpates, très différents l’un de l’autre, vous attendent pour vos missions. C’est peu, sur le papier, mais ça ne vous empêchera pas de découvrir des topographies très différentes et de passer plusieurs dizaines, voire une centaine d’heures sur le jeu. Près de 80 expéditions vous attendent au total. Autant dire que c’est assez généreux niveau contenu. Certaines d’entre elles vous prendront plus d’une heure…

Bref, vous allez traverser des paysages étonnants, sauvages, chargé de bidons d’essence de secours, d’outils, de matériel nécessaire à votre mission, et gérer chaque mètre à franchir. Il faudra bien gérer son accélération, la pression des pneus sur les rochers (plus basse, nécessairement, mais c’est aussi plus énergivore), grimper des falaises ou les descendre, franchir des cours d’eau au centimètre près… Certains passages vous prendront dix minutes, ou plus, à en suer comme si vous étiez vraiment derrière le volant.


Le rendu visuel est, à ce titre, toujours aussi bluffant, en ce qui concerne les machines. Idem pour le rendu physique. Une fois encore, Expeditions: A MudRunner Game fait fort. L’homme contre la nature. Un combat mécanique de toute beauté.

Toutefois, il convient de nuancer quelques petites parties du jeu. Et non des moindres, pour certaines d’entre-elles. Si le rendu des véhicules est très réussi, le graphisme général n’est pas forcément au top. La faute à des bugs de textures qui viennent pourrir le titre. Un problème qui sera très certainement corrigé dans de futurs patchs, mais qui donnent quand même un sentiment de « pas fini » très désagréable. On se retrouve parfois avec des éléments à franchir… sans texture. Autant vous dire que pour savoir quelle partie vous allez aborder, ça la fout mal.

Ce sentiment de « jeu sorti trop vite » est renforcé par l’absence de multijoueur. Une option qui « viendra plus tard ». Typiquement le genre de truc qui m’agace.

Ajoutez quelques autres petits reproches que l’on pourrait faire au jeu : les experts, qui sont un simple élément à gérer comme tant d’autres et restent, au final, très sous-utilisés. Deux enviros seulement, même énormes et avec plein de missions, ça reste peu.

Enfin, quoiqu’on en dise, le jeu devient à la longue assez répétitif.

Reste que le jeu est peut-être un poil plus abordable que ses prédécesseurs, en termes de public visé. Qu’il propose un chouette challenge et que la recette, légèrement renouvelée ici, fonctionne bien. On prend un vrai plaisir à crapahuter en camion ou 4x4 dans une nature hostile et c’est véritablement jouissif, une fois que l’on a franchi les obstacles ou que l’on s’est sorti d’une situation compliquée. Le jeu de base étant, qui plus est, proposé à un prix raisonnable, vous auriez tort de vous en priver.