Publié le Mercredi 13 avril 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Hardcore Henry, la critique du film
Complètement barré
Tout a commencé avec un clip vidéo. En 2013, le groupe russe de rock indépendant Biting Elbows fait appel à Ilya Naishuller, un jeune scénariste et réalisateur, pour mettre des images sur leur chanson « Bad Motherfucker ». Issu de la génération jeux vidéo, et joueur lui-même, Ilya Naishuller décide de filmer des scènes d’action en vue subjective. Comme un FPS (First Person Shooter). Et là, c’est la révélation : il se rend compte qu’il pourrait tout à fait tourner un film entier comme ça.Ainsi est né Hardcore Henry. Uniquement filmé avec une caméra Go Pro. Sorti en fin d’année dernière en Russie, le film s’est fait remarquer au festival de Toronto où il a attiré Universal et Lionsgate. C’est finalement STX Entertainment qui s’offre les droits de distribution pour 10 millions de dollars.
Harcore Henry raconte l’histoire de… Henry. Il se réveille dans une salle d’opération. Sa femme, Estelle, spécialiste dans les recherches cybernétiques, a transformé son époux mourant en cyborg. Du moins en partie. Nouvelle jambe, nouveau bras, implants en tous genres…
Mais au moment même de lui implanter une nouvelle voix, Akan débarque dans le labo et tue tout le monde. Akan est un psychopathe doté de pouvoirs télékinétiques. Accompagné d’une armée de mercenaires, il tente de récupérer Estelle afin d’utiliser ses talents pour lui fabriquer une armée de cyborgs.
Henry s’enfuit donc avec Estelle. L’armée d’Akan à ses trousses. Et quand un mystérieux Jimmy vient lui prêter main forte, Henry découvre qu’il est tombé au beau milieu d’une gigantesque machination…
Soyons clair : Hardcore Henry n’est pas un bon film. Ça ne serait même pas un bon jeu vidéo. La faute en grande partie à un scénario digne, justement, des FPS. Et on sait que ce n’est pas, loin de là, la qualité première de ce type de jeux vidéo.
Hardcore Henry reprend en effet tous les clichés du genre. Combats sous adrénaline, entrecoupés de dialogues… pardon, monologues (Henry est muet, on vous le rappelle) bateaux, de répliques ridicules… Entre un Sharlto Copley (Jimmy) qui surjoue à chacune de ses scènes, un Danila Kozlovski (Akan) au physique insipide, à la hauteur de son talent, et un Tim Roth (le père d’Henry) bien trop rare à l’écran pour apporter quoi que ce soit si ce n’est un nom sur une affiche, Hardcore Henry n’a pas grand-chose pour lui question fond.
Réalisé avec peu de moyens (et ça se voit), monté à la machette (certaines coupures sont affreuses), il n’a même pas de réel avantage technique à proposer.
Bref, le film a tout pour se faire démolir un peu partout.
Et pourtant, Hardcore Henry est loin d’être désagréable au final. Bien au contraire.
Sincèrement, je pensais avoir la nausée au bout de cinq minutes et quitter la salle au bout de 10, pour à la fois vomir et faire des trucs plus intéressants. Le concept de film en vue subjective, j’avais déjà vu ce que ça donnait dans Doom, notamment, et ça ne m’avait pas plu plus que ça. Et puis, un FPS, ça se joue. Ça ne se regarde pas. Ou alors quand on n’a une vie de merde et qu’on préfère la gâcher en la passant sur Twitch ou chez les Youtubers. Mais bref.
Et c’est vrai. Il faut bien 5 minutes avant de se faire à cette prise de vue un peu particulière. Et 5 autres minutes avant de comprendre la vraie finalité du film.
Parce que oui, le scénario est bidon. Oui, le jeu des acteurs est bidon. Oui, la réalisation est bidon. Oui, le tout ressemble à un gros nanar de série Z tout naze.
Mais c’est justement ce qui fait son charme. Hardcore Henry n’est pas un film à proprement parler. C’est un pur délire pour gamers. Une sorte de grosse rigolade à voir entre potes.
Un grand n’importe nawak au charme désarmant. Les scènes de combat sont tour à tour impressionnantes et complètement barrées. L’affrontement final est complètement con et filmé sous stéroïdes. Les gens meurent bêtement, tout est prétexte à courir, à sauter, à frapper, à tirer. Le cerveau emmagasine la moitié des évènements qui se déroulent à l’écran, à tel point qu’il faudra le voir une deuxième fois pour découvrir de nouveaux détails.
Furieux, survitaminé, Hardcore Henry est donc de ces films durant lesquels il faut se laisser porter par l’action. Sans se prendre la tête. Juste se laisser aller. Et apprécier l’instant.
Bref, un film qui, finalement, est bourré de charme. Pour qui veut bien arrêter de chercher une raison philosophique ou existentielle dans tous les films et n'y voir qu'un pur divertissement.
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