Publié le Dimanche 16 octobre 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Être con à tout âge, c'est important

Une nouvelle semaine s’éteint, une autre s’éveille. Durant celle passée, j’ai pris un an. Enfin, c’est une image. J’ai simplement eu un an de plus, quoi. Pour ceux qui s’interrogent, même si la réponse n’est en rien cachée et peut se trouver facilement sur mon profil Facebook par exemple (ouvert à tous, soit dit en passant), j’ai eu 38 ans. Je suis en effet né le 13 octobre 1973. Officiellement. C’est écrit sur mes papiers. Génial. Bon. Voilà, quoi. Rien de bien transcendant non plus. Oh, non, je ne me la joue pas « faux rebelle » qui va vous expliquer sur dix pages qu’il se fout des anniversaires que ça ne représente rien, que ce n’est pas important, mais que bon, si vous voulez lui offrir un cadeau, il n’a rien contre, hein…
Non, j’aime bien l’idée d’anniversaire. C’est une date qui compte. Certes, pas pour vous, mais pour moi, un peu, quand même. Je veux dire, c’est un peu la célébration de mon arrivée dans le monde, dans un grand cri de rage et d’innocence.
Bon, d’accord, si la rage m’est restée au fil des ans (plus froide, calculatrice et dévastatrice), voilà longtemps que l’innocence a été perdue. Elle s’appelait Sœur Gwenaëlle, elle était cornette, nous apprenait la parole de Dieu, et lors d’une retraite de catéchisme, un soir, elle… enfin bref, pardon, certains souvenirs n’appartiennent qu’à moi.
Bref, un an de plus. Et alors ? Si j’ai d’intérêt pour le jour puisqu’il m’a vu naître et que, pour le coup, c’est un évènement un poil primordial dans ma vie, l’âge ne m’importe aucunement. Bon, j’ai toujours droit à la petite phrase de ma chère mère lorsqu’elle m’appelle pour me le souhaiter, m’expliquant que « son grand garçon qui a un an de plus, ça lui fait quand même un coup », phrase que toutes les mères du monde un tant soit peu aimantes doivent balancer à leurs enfants, mais personnellement, le temps qui passe ne m’effraie ni ne m’affecte aucunement.

L’âge est, au mien, plus un état d’esprit qu’autre chose. Certains, même plus jeunes, ont déjà des vies de vieux. J’en connais. Des vies où l’achat d’une maison, les enfants, le boulot, les ont cloué à une existence classique qui les suivra jusqu’à leur dernier souffle.
Pour ma part, et peut-être est-ce dû à ce métier et le fait que je fréquente principalement des confrères, attachés de presse, et autres, plus jeunes que moi, la maison ou les enfants n’ont pas forcément changé grand-chose. Ou du moins, et j’ai cette chance que ma femme partage également ce point de vue, les responsabilités qui viennent avec n’ont pas affecté cette envie de mordre à pleines dents dans l’existence, de sortir, de faire la fête… Nous vivons donc comme de grands gamins qui, quand on leur rappelle qu’ils sont quand même proches de la quarantaine, vous répondent étonnés « ah oui, déjà ? », et se foutent que dans les normes et carcans de la société « on n’est pas censé agir comme ça ».
Et je vous rassure, ce n’est pas là encore une éructation déplacée d’un faux rebelle face au monde qui l’entoure. C’est juste une attitude, un état d’esprit que nos amis, d’ailleurs, partagent. Et vous seriez étonnés de voir à quel point certains se (re)découvrent quand on les projette dans notre petit tourbillon d’amis.
Bref, bande de petits cons, j’ai peut-être 38 balais, mais quand vous voulez j’vous prends au foot et j’vous termine à la gnôle le soir. Il me faudra peut-être deux jours de plus pour récupérer, mais je peux vous parier que c’est moi qui vous borderai le soir.

L’âge n’est rien. Ce n’est pas parce que la vie vous colle un, deux ou une tripotée de gamins dans les pattes qu’il faut s’arrêter de vivre. On change, on s’adapte, mais rien n’empêche de cultiver encore et toujours cette fête et cette insouciance. Rien ne vous empêche de siffler les minettes dans la rue. Rien ne vous empêche d’aborder les jolies filles, même de vingt ans à peine, pour taper la discute et délirer avec. Rien ne vous empêche de continuer mettre le feu à un sac de merde de chien bien coulante, sur le palier d’un voisin un peu trop casse-bonbons, et d’appuyer sur la sonnette (vérifiez juste qu’il est bien chez lui à ce moment-là, hein). Rien ne vous empêche ne continuer à monter sans ticket sur un manège en route, de choisir le petit bateau bleu qui clignote et, debout sur la proue, devant l’œil médusé des gamins, crier les bras en croix « Je suis le Maître du Moooooonde ».
La vie est faite de ces petites conneries qui égaient une existence. A 15, 20, 30, 40, 50 ou même 60 ballets, rien ne vous empêche de continuer à être con. Magnifiquement, sublimement, merveilleusement con. Et ça, c’est tout un art.