Publié le Dimanche 24 décembre 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Esprit de Noël

Le monde devient complètement fou. Vraiment.

Je ne parle pas de cette loi immigration qui fait les gros titres actuellement et qui est humainement une honte, une trahison de la devise de la République, des valeurs françaises, celles qu’ont défendu nos ancêtres de tous temps et qui confirme à quel point notre époque est gerbante d’intolérance et d’égocentrisme.

Même si j’aurais pu, faire un édito sur ce sujet.

Non, je parle de cet événement qui s’est déroulé à deux pas de chez moi. Vous avez peut-être lu ou suivi cette histoire de ces deux jeunes gens de 16/17 ans, à peine, que l’on a retrouvé, certes en vie, mais dans un état lamentable, abandonnés dans la forêt, cette forêt qui est à 100 mètres, à peine, de chez moi.
Abandonnés en loques, presque nus, dans les ronces, victimes de sévices incroyables. Deux gamins. Le monde est fou, je vous dis.

Difficile de démêler le vrai du faux, entre ce que les journalistes ont dit et ce que les voisins racontent, mais on leur a, semble-t-il, arraché les ongles. Non pas avec une pince, mais en enfonçant des clous dessous. On leur a arraché la langue. Pas coupé, arraché. L’un d’entre eux a même été énucléé au niveau de son œil droit, qui pendait lamentablement hors de son orbite. On leur aurait brisé les coudes avec un marteau ou une batte de baseball, défoncé les dents à la lime, explosé les rotules à la perceuse et même retourné les chevilles à 180°, puis ficelé avec du fil barbelé serré jusqu’à entrer dans tout le corps, et enfin, jetés dans la forêt, où ils sont restés une nuit entière. Apparemment, leur pronostic vital n’est pas engagé. Mais ils ne marcheront plus, ne pourront plus jamais se servir de leurs bras et, bien entendu, ne pourront plus parler.

Je n’ose même pas imaginer la scène d’horreur. Je n’ose même pas imaginer l’effroi des promeneurs qui sont tombés sur les corps de ces deux pauvres gamins agonisants. Et ça s’est passé à deux pas de chez moi ! Juste à côté !

Et qu’est-ce que je raconte à mes filles ? Comment je les protège ? Comment je les arme face à ce monde qui perd les pédales, qui devient complètement fou ?

Les voisins parlent d’un règlement de compte, sans doute à cause d’une affaire de drogue. A ce niveau-là, c’est plus qu’un règlement de compte, c’est une véritable vengeance, impitoyable et froide. Je ne suis pas sûr que ce soit lié à la drogue, tant, selon les descriptions dans l’article, la torture semble avoir été minutieuse, d’une barbarie presque professionnelle, si j’ose dire. Deux gamins de 16/17 ans, quoi… Et si en fait, c’était un psychopathe qui se promenait dans les environs ?

Le monde devient complètement fou. Et j’avoue être totalement démuni pour aider mes gamines à y faire face. Complètement fou, je vous dis. Et si on retournait en arrière dans l’Histoire ?

Tenez, j’ai été élevé avec les histoires de mon grand-père subissant l’ignominie humaine des nazis, se battant à son humble niveau pour la liberté, pour l’égalité… je l’ai entendu me raconter ses histoires d’amis, sans jamais se soucier de leurs origines parce que l’amitié, c’est avant tout des actes et non pas une couleur de peau ou une religion. Et aujourd’hui, même les plus jeunes, ceux qui devraient plus que tout autre personne prôner la tolérance, sont eux aussi attirés par les sirènes de l’extrême. Et le mot sirène est ici employé à bon escient. Qu’il s’agisse de la droite la plus à droite qui depuis plusieurs années a entamé une opération de dédiabolisation alors que l’odeur est toujours aussi nauséabonde quand on n’oublie pas de respirer, ou la gauche la plus à gauche qui tente de masquer ses aspirations au totalitarisme en surfant sur le mal-être des gens à grands coups d’exclamations contestataires…

Les gens sont-ils devenus à ce point stupides pour ingurgiter cette fange immonde ?

Moi je garde en mémoire ces paroles du grand philosophe Keyser Söze : « Le coup le plus rusé que le diable ait jamais réussi, c’était de faire croire à tout le monde qu’il n’existait pas. »

Le monde est fou, je vous dis.

Tenez, pas plus tard que dans la nuit de lundi à mardi, j’ai été victime d’une tentative de cambriolage à mon domicile. Ils n’ont pas réussi à rentrer, parce que c’étaient des branquignoles de la perceuse et du pied de biche, et parce que j’ai une bonne porte-fenêtre, mais ils me l’ont défoncée et elle est inutilisable désormais. Ma femme a eu le temps de les apercevoir – et de les faire fuir en hurlant.

C’étaient deux types.
Deux gamins.
16/17 ans, à peine.

Et sinon, hein, Joyeux Noël.