L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 18 août 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Epaule Tatoo

imageParce que même les plus grands guerriers ont parfois besoin de lâcher prise et de décompresser loin d’un quotidien harassant et éreintant, j’ai passé ces derniers jours affalé sur une plage de sable fin, face à une mer d’huile d’un bleu paradisiaque.

Oui, bon, la mer était effectivement d’huile, mais surtout solaire avec tous ces abrutis qui se tartinent le fion d’indice 50 oubliant sans doute qu’elle se répand surtout dans l’eau mais n’hésitant pas à vous toiser de haut quand vous expliquez que vous n’êtes pas passés à l’électrique et que vous roulez toujours en Diesel.
Quant au sable fin, y’avait quand même quelques cailloux. Entre les mégots. Avec toujours cette vraie question : putain, quand va-t-on enfin interdire la cigarette à la plage ?
Et pour finir, je déteste me faire cuire le zguègue allongé sur une serviette. Si vous me cherchez à la plage, regardez dans l’eau. Je suis le mec qui s’amuse à smasher sur les vieux et les gosses avec un ballon de volley-ball.

En attendant, les rares fois où je déambulais sur le sable, généralement en lâchant des « aïe, ouille, ça fait mal aux petits petons, le sable est brûlant ! » entrecoupés bien entendu de « putain de sa mère, d’enculé, et de fils de pute », je me suis bien rendu compte que les gens me regardaient de travers. Non pas en raison de mon langage fleuri qui heurtait leurs petites oreilles chastes et celles de leurs rejetons dont le niveau de construction de châteaux de sable laisse peu d’espoir quant à l’avenir de l’architecture française, mais parce que ma vieille carcasse est désormais l’une des dernières à rester vierge de tout gribouillis à la con.

imageEncore une fois, j’ai en effet pu me rendre compte que le ringard d’hier est le branché d’aujourd’hui. C’est vrai. Durant ma tumultueuse jeunesse, le blaireau décérébré s’habillait en jogging, faisait de la muscu et portait la moustache. Ces trois tares d’alors sont de nos jours des références indispensables pour briller en société.
Quand j’en fais la remarque, on me répond que « les temps changent et la mode évolue ». J’ai tendance, à bien regarder notre époque, à croire que l’explication serait plutôt à chercher du côté de la victoire de l’idiocratie.
Mais ne nous éparpillons pas. Un autre éléments marginal il y a 40 ans est devenu une mode indéniable aujourd’hui : le tatouage.
Réservé aux marins (c’est cool), aux repris de justice (c’est moins cool) et aux beaufs qui ne rataient pas une occasion de marquer leur corps du prénom, au choix, de leur petite amie, de leur mère ou de leur bagnole, le tatouage est devenu tellement tendance que ne pas en avoir frise l’anormalité.

Et moi, j’ai toujours été un brin anormal. Donc ça me va bien. En attendant, point de dragon dans mon dos, point de signe tribal sur mon bras et surtout, point de calligraphie à la con qui part dans tous les sens pour écrire le nom de mes gamines qui, de toute manière, me détestent et je leur rends bien.

Seulement voilà, aujourd’hui, observer les gens sur la plage, c’est aussi avoir de la lecture. En matant un biceps, une côte ou un mollet, vous pouvez limite deviner l’âge, l’adresse et le numéro de la carte bancaire de la personne devant vous.
On trouve de tout. Des dauphins à la con, des papillons nains, des étoiles sur des personnes pourtant loin d’être des lumières, des prénoms en veux-tu en voilà, avec parfois les dates de naissance, des idéogrammes dont les tatoueurs ont juré qu’il s’agissait d’un proverbe bouddhiste ancestral alors qu’ils les ont recopiés sur une bouteille de sauce soja, des tortues parce que c’est cool aujourd’hui d’avoir une connerie bioécolo, des visages de proches et j’ai encore une pensée pour le type qui prendra en levrette la fille avec la tête de sa grand-mère tatouée dans le dos.

Avec quelques perles au passage, bien évidemment. « Pain is not reale » pour celui qui a cru que c’était plus cool de se faire marquer à vie par une phrase à la con dont la profondeur est digne des conneries qui pullulent sur Tik-Tok mais a arrêté les cours d’anglais au CP. Ou ce magnifique phénix recouvrant les côtes et la jambe… ou du moins, ce qui devait être un magnifique phénix à la base mais qui aujourd’hui ressemble plus à un faisan obèse depuis que la fille a pris 30 kilos.

imageAlors évitez de céder vous aussi aux sirènes de la philosophie de comptoir et me sortir un « mais chacun fait ce qu’il veut de son corps » avec un petit ton méprisant de fils de pute. Bien entendu que si vous avez envie de vous peinturlurer le fion avec un Pikachu ou vous agrémenter les nibards d’un panier d’endives, ça vous regarde. Mais au même titre que vous n’hésiterez pas à critiquer mon maillot de bain avec des bites dessinées dessus, souffrez que je me répande en acerbités sur vos ratés artistiques corporels.

Moi, j’aime les corps au naturel. La beauté simple de la courbe d’un sein, la pureté enivrante de l’arrondi d’une fesse, la générosité émoustillante de la ligne d’une cuisse… Aucun artifice n’est nécessaire pour tomber amoureux d’un corps, avec toutes ses perfections et ses imperfections.

Bref. Vous n’êtes pas prêts de me voir avec un dindon sur le torse, un plateau d’huîtres dans le dos ou une licorne sur les boules. Je vous quitte avec cette dernière image, en vous laissant le soin d’imaginer quelle partie de mon corps servira pour faire la corne.

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.

 

 
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