Publié le Lundi 26 mai 2014 à 12:00:00 par Alexandre Combralier
Test Monochroma (PC)
Monotone Monochromie
Il suffit d’un rapide aperçu du synopsis de Monochroma pour se dire : « Hé, mais c’est Brothers : A Tale of Two Sons ! ». Et en effet les ressemblances sont frappantes entre les deux scénarios : deux frères, un grand et un petit, qui vont devoir coopérer pour résoudre diverses énigmes. Dans Brothers, l’expérience était originale au point de pouvoir contrôler les deux frères en même temps via les deux joysticks ; mais dans Monochroma, le petit se blesse très rapidement à la jambe, et il ne s’agira que de contrôler le grand. Bon, pas encore de quoi crier au plagiat.Mais lorsqu’on lance pour la première fois du jeu et que l’on parcoure les premiers niveaux, seconde exclamation : « Hé, mais c’est Limbo ! ». Un plateformer 2D en scrolling horizontal, tout en noir et en blanc, à quelques teintes de rouge près, et voici Monochroma. Ou Limbo. Comme vous voulez. L’inspiration est si marquée, si évidente, qu’il y a matière à s’interroger sur le degré d’originalité de Monochroma. S’il fallait se montrer sympathique, nous dirions que Monochroma est un hommage permanent à Limbo ; s’il se fallait se montrer réaliste, on parlerait plutôt de flagrante repompe.
Monochroma est développé par un petit studio turc, qui n’a pas beaucoup de moyens, mais un peu plus d’idées (surtout quand elles viennent des autres). Le pays d’origine a son importance, car, voit-on dans le synopsis, le jeu s’inspire librement de la répression des émeutes turques en 2013 contre l’installation d’un complexe immobilier à la place du dernier parc d’envergure d’Istanbul. C’est du moins ce qu’on lit dans le synopsis. Parce que dans le jeu, même un Turc aurait du mal à deviner les références. Un mal pour un bien évidemment : les non-Turcs que nous sommes ne serons pas largués.
Les niveaux de Monochroma prennent ainsi place dans quatre mondes (banlieue, ghetto, usine, zeppelin), dominés semble-t-il par quelque pouvoir oppressif. Allons-y donc pour une petite dénonciation d’une dystopie orwellienne. Alors, Monochroma, jeu politique, jeu engagé ? Ce devait être la première valeur ajoutée du titre. Mais ce n’est pas très réussi. Monochroma fait le pari d’une narration minimaliste, sans dialogue, simplement par les suggestions des décors (certains sont inspirés, d’autres sont plus monotones) : quelques affiches, quelques sirènes de police, quelques gros mecs musclés qui vous pourchassent, quelques musiques oppressantes, quelques robots de surveillance, quelques panneaux qui montrent des gens heureux d’être surveillés, quelques conditionnements de fœtus à la Huxley. Ah oui, tous les symboles du pouvoir dictatorial sont en rouge, sûrement parce qu’ils sont très méchants.
C’est à peu près tout, et c’est un peu léger pour être autre chose qu’un service minimum en la matière. Il ne suffit pas d’adopter une posture « on en dit moins donc c’est au lecteur d’interpréter donc c’est du génie » pour réussir à livrer un jeu forcément beaucoup plus fin que la moyenne. En l’occurrence, les références politiques de Monochroma manquent franchement d’originalité. Quant au rapport entre les deux frères, elle part d’un pitch prometteur, mais il est par la suite sous-exploité. Tout cela manque clairement d’interaction (une vague histoire de meurtre arrive difficilement à pimenter le tout), de liens forts entre le gameplay et le scénario (à part peut-être l’obligation de déposer le petit frère dans la lumière de temps à autres).
Sur le plan du gameplay, tout est très inspiré de… devinez quoi ? Limbo. Une touche d’action, une touche pour déposer le petit frère, une touche de saut, et c’est parti. Mélange de plateforme et de réflexion, Monochroma propose des énigmes classiques dans le genre. Mais certaines sont parfois plus inspirées que d’autres et redonnent du baume au cœur, en particulier celles basées sur le moteur physique du jeu, qui a bénéficié d’un soin particulier. Il faudra ainsi, en quelques occasions (mais encore trop rarement !) jouer avec le poids des objets pour avancer, faire tomber diverses caisses au bon endroit, etc. Et parfois combiner ces exigences avec la gestion du petit frère : s’il ne peut pas bouger de lui-même, il doit être déposé à certains moments pour avancer, et il faudra alors lui dégager la voie, voire se servir de son… poids.
On appréciera d’ailleurs d’avantage les phases de réflexion que de plateforme. La faute en incombe à une maniabilité lourdingue (le grand frère a l’air de peser un bon quintal) et à un système de sauts imprécis et rageant. Pour ne pas arranger le coup, Monochroma souffre d’une quantité de bugs bien supérieurs à la moyenne : problèmes de checkpoints qui ne se déclenchent pas ou qui vont directement passer au niveau suivant, problèmes de musiques ou de sons qui ne s’activent pas, et, plus gênant pour un jeu faisant la part belle à la physique, des bugs de collision.
Vous l’aurez compris, le bilan n’est pas forcément des plus reluisants, entre un parti-pris scénaristique qui promettait mais qui déçoit, et une maniabilité quelque peu frustrante. Être un petit jeu indépendant ne signifie pas pour autant originalité… mais Limbo et Brothers peuvent dormir tranquille, tant Monochroma est loin de les menacer. Faut-il alors tout jeter à la poubelle ? Pas forcément, car en dépit de tous ses défauts, Monochroma garde pour lui des énigmes parfois réussies et au fond, une petite ambiance pas réellement déplaisante tout au long des trois-quatre heures de jeu. Un peu plus d’inspiration et de finition aurait pu faire de Monochroma un bon jeu. On aurait pu être plus charitable, si n'était un prix (19,99 €) trop élevé. Nowhere Studios est jeune, a sûrement quelques bonnes idées, mais aussi une bonne marge de progression. Du moins, il faut l’espérer pour eux.
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