Publié le Dimanche 25 mars 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Je vous parle de mon sexe

Les beaux jours reviennent. C’est le printemps. Youpi. Je vais pouvoir à nouveau courir à poil dans les hautes herbes en chantant à tue-tête « I want to break free » de Queen sans risque d’attraper un rhume de boules.
Oui et bien chacun ses petits plaisirs printaniers. Certains retournent au jardin, d’autres sortent les chaussures de sport et vont gambader dans leurs petits shorts moulants (« mais, c’est bizarre, il était pas moulant l’année dernière, il a rétréci au lavage ou quoi ? »). Moi je cours à poil dans les hautes herbes. Au milieu des vaches et des dindons. En chantant du Queen. Non parce que j’aurais pu chanter du New Order, mais c’est quand même moins facile niveau rythme. De temps en temps, j’alterne avec « Enjoy the Silence » de Depeche Mode, parfois même ponctué par un « meeeeuh » lâché par une génisse qui se demande ce que je peux bien foutre à piétiner son déjeuner.

Je communie avec la nature et puis c’est tout. Je fouette les arbres fruitiers de mon sexe saillant en remuant des fesses au rythme de la musique, tout en lâchant un « oh yeah ». Parfois ponctué par un « squiiik » lâché par un écureuil qui se demande ce que je peux bien foutre à taper sur sa maison.

Chacun sa manière de profiter du grand air. Faut juste bien choisir son endroit. Non parce que la dernière fois, j’avais peu de temps à accorder à mes loisirs et du coup, j’ai opté pour la ferme pédagogique située à côté de chez moi et ça a plu moyen à la classe de CE1 de me voir gambader au milieu du troupeau dans le plus simple appareil.

Va juste falloir attendre un brin que les températures remontent. Parce que là, c’est un coup à transformer ses attributs en glace Haagen-Dazs aux noix de macadamia.

Cela dit, j’ai beau essayer par tous les moyens de communier avec la nature, mon corps la rejette par tous ses pores. Parce que le printemps, les beaux jours, les petits fleurs qui forniquent à tout va dans les airs, c’est l’heure des yeux qui coulent, du nez qui coule, des poumons qui coulent. Ce que l’on appelle à injuste titre « le rhume des foins ». Et qui va une nouvelle fois me pourrir mon mois d’avril. Avec débordement sur une partie de mars et mai juste pour bien me rappeler à quel point ma déchéance physique s’étend d’année en année et qu’elle est irrémédiable.

Alors pour oublier, en attendant Alzheimer, je bois. Je me venge des graminées qui me font tant pleurer en les buvant fermentées pour qu’elles me fassent rire.

Comme ça, vous aurez au moins appris quelque chose aujourd’hui. Que le malt est une céréale et que les céréales sont des graminées. Cela dit, heureusement que l’allergie s’arrête là. Je pense que ça me ferait bien chier d’être allergique au whisky. A choisir, je pense quand même que je prendrais le risque d’un œdème de Quincke plutôt que de laisser s’éventer un Glendiffich 1973 70 ans d’âge. Non parce qu’à 5000 € la bouteille, si on est raisonnable et qu’on compte 15 verres par bouteille, ça fait tout de même plus de 300 € le verre. En tablant sur du 5 gorgées le verre, ça fait plus de 60 € la gorgée. Moi je dis, l’œdème de Quincke, il va attendre bien sagement de terminer la dégustation.
Pour le coup, hein, à ce prix-là, on le consomme naturellement avec modération. Pas la peine de préciser…

Bon allez. Si vous êtes sages, je vous raconterai la semaine prochaine pourquoi on devrait déporter les vieux dans des camps, du moins jusqu’à ce qu’ils comprennent que venir faire chier les gens qui bossent dans les supermarchés le week-end, c’est juste intolérable, ou jusqu’à ce qu’ils arrêtent de vider la moitié de la bouteille de parfum bon marché sur leurs rides parce qu’ils ont perdu l’odorat, ce juste avant de prendre le TGV et de s’asseoir à la place à côté de vous.

Je vous expliquerai aussi en détails, par exemple, comment jeter un corps d’un train et pourquoi il est peut-être plus intéressant d’attendre que vous soyez au-dessus d’un viaduc.