Publié le Vendredi 19 février 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test : Street Fighter V (PS4, PC)

Chauds les marrons ?

Parce que j’ai passé des heures dans les salles d’arcade à dépenser l’intégralité de mon argent de poche mensuel, et même parfois celui des potes, j’ai toujours gardé une certaine tendresse particulière pour la série Street Fighter.

Jusqu’à un certain point, à vrai dire. Parce que Capcom a l’habitude de nous refourguer d’innombrables versions de ses jeux. 4 différentes pour Street Fighter IV, avec la version normale (2008), la version Super (2010), Super Arcade Edition (2011), et Ultra (2014)… Alors certes, on est loin des 8 versions pour Street Fighter II sorties entre 1991 et 2008… mais globalement, moi, joueur de Street Fighter sans être gaga de la saga, je me retrouve avec ma première version en me disant que j’aurais mieux fait d’attendre si je voulais un jeu plus complet…

J’ai toutefois fait table rase du passé et me suis dit que Capcom allait rectifier le tir avec un Street Fighter V complet, puissant, impeccable et monstrueux. Autant dire que la déception en a été encore plus grande. Et là, tout de suite, je me demande simplement si l’éditeur ne se fout pas un peu de la gueule des joueurs. Parce que je suis désolé, mais sortir un jeu en kit, ça fait vraiment tache. Et moi, ça m’énerve au plus haut point.

Et pourtant, il en a dans le pantalon, ce Street Fighter V. On sent même que c’est un bon jeu. Voire un excellent jeu, même. La jouabilité a été revue. Résultat, le titre se veut plus accessible. Le quidam moyen, comme moi, pourra donc enchaîner les combos avec plaisir et axer son jeu sur l’offensive. Exit l’Option Select qui permettait aux joueurs défensifs un peu expérimentés de vous rebalancer vos coups et de perdre contre un joueur qui ne prend aucun risque. Ici, si l’Option Select est toujours présente, elle est nettement moins accessible. Exit les coups à charge, moins puissants désormais et qui là encore ne favorisent plus les joueurs défensifs. Le jeu fait la part belle aux quarts de cercle sur la manette, aux enchaînements furieux et au meilleur timing.


Une nouvelle barre, la V-Gauge, fait même son apparition. Elle fonctionne avec les V-Skill (coups spéciaux) qui permettent de la remplir. Une fois pleine, pour simplifier, vous avez accès à des coups encore plus puissants, permettant des contres imparables (V-Reversal) ou de nouveaux coups spéciaux (V-Trigger). On vous rassure, un tuto vous permettra de comprendre en détail tout ça.
Chaque personnage a tout un panel de coups spéciaux. Chaque personnage a tout un tas de caractéristiques. Certains sont rapides, mais moins résistants, d’autres lents mais forts, certains sont plus équilibrés. Certains sont plus doués à distance, d’autres au corps à corps, certains sont meilleurs au sol, d’autre dans les airs, mais quoi qu’il en soit, tout est affaire de timing, de rapidité, de réflexes et d’intelligence de combat : sortir le bon coup au bon moment.

On pourrait rentrer encore dans les détails sur toutes les subtilités du gameplay et vous noyer sous un flot d’expressions que seuls les plus férus de Street Fighter comprendraient vraiment. Ça n’a pas grand intérêt. Résumons donc simplement le gameplay de ce cinquième épisode : Il est accessible. Plus accessible que l’épisode précédent. Les novices y trouveront donc leur bonheur. Il n’en reste pas moins technique pour les pros. En effet, il regorge de subtilités qui permettent un vrai challenge, même pour les habitués. Ceux-là trouveront de quoi largement se faire plaisir en redéfinissant leur style de jeu. Car ce Street Fighter V est plus orienté vers l’attaque. Pour un jeu de combat, c’est quand même une bonne chose, non ?

Bref, tout était là pour faire de ce Street Fighter V un excellent jeu, une pointure dans le genre combat.


Malheureusement, tout le reste part en patate.

La fluidité du jeu, déjà, est largement perfectible. On a du mal à comprendre comment un jeu comme Assassin’s Creed où il se passe des milliers choses à l’écran peut réussir à être fluide, quand en face, un Street Fighter V rame à cause de certains décors et, surtout, n’affiche que du 30 images par seconde.
Autre déception, le contenu solo, totalement absent. Le mode Campagne ne sera disponible qu’en juin. Gratuitement, certes, mais bon. Aucun défi combo, aucun mode sérieux d’apprentissage. Juste un mode « Histoire » avec 3 rounds à enchaîner par personnage, le tout entrecoupé de dessins loin d’être tous réussis. Même pas de mode versus contre l’ordinateur ! Un comble !

Non,  Street Fighter V est destiné au multijoueur. Un jeu clairement calibré pour l’e-sport, et qui finalement n’a d’intérêt que lors de soirées entre potes, à la maison ou en ligne.

De la même manière, on ne pourra que pleurer de rire, ou de rage, devant les 16 combattants. Oui, uniquement 16, proposés dans le jeu, et à débloquer au fil du temps. 6 supplémentaires, au moins, seront ajoutés (et payants, mais déblocables quand même sans débourser le moindre centime si vous récupérez assez de crédits dans le jeu) dans le courant de l’année. Alors certes, ils sont impeccables et plutôt bien calibrés. Mais 16 seulement… Même dans Mario Kart, il y en a plus…

Au final, mon cœur est donc déchiré. Déchiré entre le fait que les mécaniques de jeu de Street Fighter V sont bien rodées. Que le jeu est très agréable à jouer et que, même en l’état, on s’éclate. Avec des potes, pour une soirée baston, ou en ligne pour se rendre compte à quel point on est nul à force de se faire démonter. C’est du pur bonheur.
Malheureusement, l’enrobage peine à passer. Le nombre d’arènes et de personnages, ainsi que le solo inexistant, donne l’impression d’un jeu en kit balancé pour respecter un timing lié à d’autres nécessités que celles de plaire aux fans et aux joueurs.
Du coup, on fait quoi ? On attend Super Street Fighter V l’année prochaine ? Ou Ultra Street Fighter V Arcade Super Edition HD Remix en 2020 ?