L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 3 septembre 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Nostalgie

imageJe n’ai pas le moral. Ne cherchez pas, il y a des jours avec et des jours. Et aujourd’hui, c’est un jour sans. Tout le week-end, d’ailleurs, a été un jour sans. Ça arrive à tout le monde. Pas la peine de s’affoler. Ça rira mieux demain. Enfin j’espère.

Vous allez me dire qu’après un été demi-teinte au niveau météo, avec des températures à ne pas forcément mettre une couille dehors, le retour des beaux jours devrait me redonner la pêche. C’est un temps à gambader à poil dans les hautes herbes, toujours en priant pour ne pas choper des tiques, et à grimper sur un muret en pleine campagne pour faire l’hélicobite devant un troupeau de chèvres interdites, mais aussi devant un troupeau de scouts médusés. Je le conçois. Mais bof. Pas envie. C’est comme ça, je n’ai pas le moral et puis c’est tout.

Je reste donc là assis à mon bureau, à regarder par la fenêtre le temps qui passe. Et c’est bien ça le problème. Ce putain de temps qui passe et emporte avec lui les souvenirs des belles choses.

Alors non, je ne me plains pas une énième fois de ce corps qui n’a plus la vigueur et l’élasticité de sa prime jeunesse. Je ne vais pas me lancer dans une énumération des affres de la vieillesse et vous parler des douleurs matinales, du dos qui coince, des genoux qui grincent, des chevilles qui gonflent, de la vue qui baisse ou encore de l’arthrose qui est un fléau pour la masturbation… Je n’en suis pas encore tout à fait là. Et je vous rassure, après un été difficile où, véridique, j’ai perdu quelques morceaux de chair (je vous renvoie à cet édito et celui-là), le corps s’est remis et bien remis, entretenu par un été sportif et épicurien. Résultat, je suis plutôt en forme – même si je pourrais mettre un s à forme –, assez en tout cas pour, si j’en avais envie, sautiller dans les hautes herbes et traumatiser des scouts. Le tout sans même avoir de courbatures le lendemain.

imageMais voilà. Le soleil brille. Les oiseaux gazouillent. La nature profite de la beauté des jours et moi, je n’ai pas le moral. La faute à mon primeur habituel qui vient de m’annoncer qu’il quitterait prochainement le tout petit marché que je fréquente chaque samedi, pour cause de manque de rentabilité. J’y avais mes habitudes depuis de longues années et c’était devenu un peu plus qu’un simple commerçant, au fil de nos longues discussions. L’annonce de cette fin d’époque m’a renvoyé au temps qui passe et emporte avec lui les habitudes antédiluviennes qui sont tout autant de piliers de notre quotidien.

La place sur laquelle j’ai passé mon enfance à déambuler avec ma bande de potes a été récemment détruite et transformée pour ne ressembler à aucun de mes souvenirs. Au cimetière des éléphants, Mammouth n’écrase plus les prix, les mousquetaires se sont inter marchés, on ne reviendra plus jamais à Felix Potin, j’ai encore quelques vinyles sur lesquels sont posés une étiquette du disquaire Nuggets aujourd’hui disparu, quelques CD collectors du Virgin Megastore, le vendeur d’excellents saucissons du marché provençal de mes vacances a fait un AVC, le petit resto où j’avais mes habitudes a changé de propriétaire et, pire que tout, Terry Pratchett n’écrira plus jamais aucun bouquin.

imageJe ne prendrai plus mon Ovomaltine au café matinal, le Tang et les Lucky Charms ne sont plus disponibles qu’en import à des prix prohibitifs, Prosper – youplaboum – n’est plus le roi du pain d’épices, Groquik n’a plus d’énorme envie de Nesquik, les Granolas et les Milky Way sont désormais bourrés d’huile de palme – et je me refuse à en consommer – tout comme les Raiders, transformés en Twix, le Pastador a disparu, Banga a pris l’eau et même les Choco BN n’ont plus le même goût.

Oui, je sais, il faut faire avec son temps. Mais voir ses souvenirs vous transformer en vieux con réac’, lire régulièrement dans la rubrique nécrologique le nom de vos stars d’antan, voir le monde qui se transforme et trouver que ce n’est pas forcément en bien, bah ça vous mine le moral.

Aujourd’hui, j’ai juste envie de me remettre au lit, le pouce dans la bouche en serrant très fort dans mes petits bras mon Kiki de tous les Kikis.

 

 
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