Publié le Dimanche 19 novembre 2023 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Écologie mon cul

Parce que je suis un nanti, et que parfois, les bains de champagne et les orgies de petits fours au caviar ne suffisent plus, je me suis offert, il y a un peu plus de 6 ans, un réfrigérateur américain.

Bon, j’avoue. Cet achat a été motivé non pas par l’envie d’afficher un signe extérieur de richesse de plus ni même par la praticité de sa grande contenance, mais principalement par le plaisir d’avoir toujours à portée de main de l’eau très fraîche et des glaçons en grande quantité. Chacun son truc. Le curé célèbre la messe au vin blanc, personnellement, le jour du Seigneur, je le noie au Ricard. Ça fait un peu moins « sang du Christ », mais après tout, chacun son messie.

Le réfrigérateur a survécu à un déménagement compliqué. Le problème d’acheter une maison ancienne, c’est que les portes n’ont pas forcément été pensées pour un objet de cette taille. Problème vite réglé quand on sait manier la masse. En plus, ça défoule et moi, j’ai toujours bien aimé me défouler en cassant des murs. Ou des choses. Ou des gens.
Il a aussi survécu à quelques agapes, croulant sous les mets divers et variés et les boissons en quantités déraisonnables.

Lundi dernier, pourtant, il a décidé de dire stop et s’est tout simplement éteint.

Pouf. Plus rien. Pas de signe annonciateur, pas de bruit bizarre, juste… plus rien. Plus de lumière, plus de panneau de contrôle et, bien évidemment, plus de froid.

Je ne suis pas un amateur de surgelés. Dans mon congélateur, outre des glaçons, vous trouverez ci et là un ou deux plats individuels de secours, deux glaces qui se battent en duel et une boîte de feuilletés apéro de chez Picard parce qu’on a tous dans son congélateur une boîte de feuilletés apéro de chez Picard qui traîne « au cas où » et parfois même depuis un ou deux après la date de péremption. Bref, mon congélateur est la plupart du temps aux ¾ vide. Pas cette fois.
Forcément, je venais il y a quelques jours de le remplir de trois paquets de frites, quelques machins apéro originaux comme des aumônières de petits légumes confits, mini croque-monsieur truffés et même une boîte de macarons basilic mozza tomate pastrami, devant lesquels je bavais depuis un moment. Ajoutez un ou deux desserts qui m’avaient fait de l’œil dans les rayons, et quelques trucs en plus pour parachever ma frénésie soudaine de surgelés.

Et pouf. Plus de réfrigérateur américain.

Même si je bricole, ma compétence en réparation d’électroménager n’est pas ce qu’il y a de plus développé chez moi. Je vous laisse décider individuellement selon votre intérêt ce qui peut être le plus développé chez moi, mais en tout cas, ce n’est pas le démontage d’un réfrigérateur américain, le test des différentes cartes électroniques et le diagnostic de panne.

J’ai donc fait appel à un réparateur.

Pardon. Je corrige. J’ai donc tenté de faire appel à un réparateur.

A une époque où l’on nous bassine avec l’écologie, la nécessité de réparer son équipement plutôt que de le remplacer (et j’avoue qu’au bout de 6 ans et demi seulement pour un réfrigérateur, ça me ferait chier d’en changer), les problèmes de surconsommation et leurs taxes écolos à tire-larigot, je me suis heurté face à un foutage de gueule magistral et organisé.

J’ai passé trois jours à tenter de trouver quelqu’un qui veuille bien me dépanner mais :
-    Les réfrigérateurs américains, c’est trop compliqué, je ne fais pas
-    On peut venir, mais seulement dans 3 semaines et ça m’étonnerait qu’on puisse faire quelque chose
-    Ça doit être un problème électronique, moi je ne fais que les réparations mécaniques
-    C’est quelle marque votre frigo ? Samsung ? Je ne fais pas Samsung. Ni LG. Ni les marques asiatiques, en fait. Je ne répare que les marques allemandes, c’est plus simple et les pièces sont plus faciles à commander.

Même Samsung, que j’ai contacté en leur demandant une solution, a préféré ne pas répondre. Finalement, au bout de 3 jours de recherches infructueuses, j’ai enfin réussi à prendre contact avec un réparateur qui acceptait de venir me dépanner. Seulement il m’aurait facturé 90 € de frais de déplacement, alors qu’il est à moins de 10 Km de chez moi. 90 € + 50 € par heure pour la main d’œuvre (et forcément toute heure commencée est due) pour trouver la panne, puis 90 € de déplacement +50 € par heure pour la main d’œuvre quand il vient faire la réparation une fois les pièces reçues. Donc, sans compter les 100 à 150 € minimum (parce qu’ils se font aussi de la marge là-dessus) de pièces à changer, j’en étais déjà à 280 € de frais de réparation de base. Et comme il en aurait forcément eu pour plus d’une heure, grosso modo, en additionnant tout ça, on aurait tapé dans les 500 € de réparation. Voire plus.

Alors, je suis peut-être un nanti, mais y’a des limites. Il y a aussi des limites à ce que mon fessier peut supporter surtout qu’à ce tarif-là, la vaseline n’est même pas offerte.

Heureusement, dans mon entourage, j’ai des gens sympas, qui s’y connaissent en électronique et qui sont prompts à venir filer un coup de main pourvu que je relâche leur chat.
Un pote est donc passé, a fait quelques tests sur les cartes et a identifié, semble-t-il, la panne. La commande d’une nouvelle carte (livraison sous 2 jours) à moins de 80 € devrait, donc, résoudre le problème.

Mais avouez que la situation et cette impossibilité de trouver quelqu’un de compétent et d’honnête, c’est quand même un gros foutage de gueule. Et encore, habitant en région parisienne, j’avais au départ le choix entre pas mal de réparateurs !

Bref. Normalement, je reçois la carte mardi. Et si c’est bel et bien ça le problème, dès mercredi, j’ai à nouveau des glaçons.

Je garde le chat, quand même, au cas où.