Publié le Jeudi 1 avril 2010 à 12:30:00 par Cedric Gasperini
Il veut quoi le contrôleur ?
Moscou. 2033. Après un holocauste nucléaire, les survivants sont massés dans les stations de métro qui, aujourd’hui, font office de villages. Le dehors est invivable. Impossible de sortir sans son masque à gaz. Et mieux vaut être convenablement armé : des créatures mutantes infestent l’extérieur, tout comme elles se répandent dans les couloirs du métro, assaillant inlassablement les humains.
Vous êtes Artyom. Vos concitoyens se meurent : les attaques des Novalis, ces créatures mutantes, sont de plus en plus nombreuses. Et elles font de plus en plus de victimes. Bientôt, il faudra armer les femmes et les enfants pour défendre la place. Vous allez donc vous lancer dans un périple périlleux, en quête d’une solution à cette invasion…
Metro 2033 a été développé par 4A Games, des anciens développeurs de STALKER. Et effectivement, de STALKER, on retrouve cette ambiance post-apocalyptique russe, les soldats qui jouent des airs tristes à la guitare, cette humanité désespérée… une ambiance bien particulière qui vous plonge de suite dans le bain : ça va être violent, ça va être difficile, ça va être de la survie.
Mais c’est tout. Là où STALKER vous proposait de grands environnements, Metro 2033 vous plonge dans de simples tunnels, à travers une progression en couloirs et qui mise tout sur son ambiance et ses scripts. Là où STALKER ajoutait une certaine dimension RPG à customiser toutes ses armes, Metro 2003 ne vous propose que des rebus, armes artisanales en piteux état qui, si elles restent efficaces, ressemblent plus à du Mad Max qu’à un vestige de l’armée.
La progression en couloirs est toujours quelque chose d’assez pénible. Surtout quand elle n’est pas justifiée. Ici, elle l’est. Et l’avancée dans les longs tunnels infestés de monstres ou de bandits n’est, à vrai dire, pas étouffante pour un sou. Et on le doit à une ambiance bien rendue, notamment grâce à une bande-son plutôt réussie. Etrangement, ce sont les passages en extérieur qui posent finalement le plus de problèmes : là encore, on suit un chemin balisé et l’effet d’oppression des tunnels n’est plus là pour justifier une telle linéarité. Ces passages en extérieur sont donc les parties les moins intéressantes et les moins réussies du jeu. Heureusement, la plupart de l’aventure se déroulera sous terre.
Et sous terre, il y a fort à faire. Et vous allez en avoir plein les douilles. Les monstres mutants sont rapides et résistants, vous obligeant à rester toujours en mouvement lorsque vous leur tirez dessus. Oui, mais les munitions ne sont pas forcément légion dans le monde de Metro 2033, et il va donc falloir faire attention à ne pas arroser à tout va. Lorsque ce sont des humains, qu’il s’agisse de simples voleurs ou de groupuscules violents, vous devrez également déjouer leurs pièges. Il peut être de bon aloi d’arriver furtivement pour dézinguer du méchant au couteau, sans bruit, par derrière… car une fois l’alerte donnée, ce sont souvent une dizaine d’adversaires qui vous canardent. Et comme dans Metro 2033, on ne peut ni se pencher, ni tirer à couvert, il faudra forcément prendre des risques pour les abattre… Il faudra donc éviter de marcher sur du verre brisé ou heurter les boites de conserves suspendues à un fil, pour ne pas faire de bruit.
Les développeurs ont pensé à tout un tas de petits détails tels que ceux-là pour plonger le joueur dans une vraie atmosphère de survie.
Par exemple, pour consulter ses objectifs, le joueur devra soulever son porte-documents devant les yeux. Et dans les endroits sombres, il devra allumer son briquet pour pouvoir lire. Un simple gadget, certes, mais qui renforce l’impression de « je suis un survivant dans un monde dévasté ».
De la même manière, certains passages, dont ceux en extérieur, demanderont que vous portiez votre masque à gaz… chaque cartouche sera chronométrée (vous pourrez voir le temps qu’il vous reste sur votre montre) et il faudra donc faire attention au nombre de cartouches pour votre masque qu’il vous restera. Il ne faudra pas trop traîner en route, alors même que pour récupérer kits de survie et munitions, vous devrez au moins prendre le temps de fouiller les cadavres et les moindres recoins des niveaux… un paradoxe.
Au fur et à mesure des attaques encaissées, votre masque se fissurera. Autant dire qu’en trouver un neuf est souvent source de soulagement.
On peut citer, enfin, d’autres petits détails, comme la nécessité de vérifier la réserve d’air des armes à pneumatique, ou la possibilité d’augmenter la puissance de votre lampe torche via une dynamo… ou encore la respiration pénible, presque suffocante, lorsque vous mettez votre masque. Toutes ces petites choses qui renforcent l’immersion, même si elles ne sont qu’accessoires.
Que dire de plus ? Vous trouverez des munitions particulières qui serviront non pas dans vos armes, mais comme monnaie. Elles vous permettront d’acheter des améliorations de votre équipement ou des munitions (des vraies), comme des grenades, par exemple.
On parlera aussi du graphisme. Metro 2033 est un très joli jeu. Vraiment. Une belle petite tuerie, pourvu que vous ayez une bonne machine pour le faire tourner sur PC (Quad Core 3Ghz, GeForce GTX260, 3Go de Ram ou équivalent conseillé). Bon, ça tournera aussi sur un bon Dual Core, et ce sera également joli, mais pour bien profiter du jeu, mieux vaut voir les choses en grand. Et le résultat en vaut vraiment la peine, croyez-moi.
Reste qu’au final, certains choix de Metro 2033 ne sont pas convaincants. Outre une histoire à laquelle on a du mal à adhérer, c’est rapidement pénible d’être en coop avec des personnages gérés par l’ordi et qui, finalement, n’apportent pas grand-chose. Et une bonne partie du jeu est ainsi. D’autre part, les armes sont pourries. Elles ont un design tout sauf séduisant et une efficacité très relative, surtout à la fin du jeu, face à des monstres ou des factions étrangement super-résistantes. Et des armes pourries, c’est à mon humble avis 50% du plaisir qui est retiré. Les stations de métro n’apportent pas non plus grand-chose, puisque vous manquerez le plus clair du temps de monnaie pour refaire confortablement vos stocks de munitions ou rendre vos armes un poil plus efficace.
Heureusement, l’ambiance est vraiment captivante. Le monde dépeint dans le jeu vous happe et vous secoue dans tous les sens, face à des hordes de monstres qui ne lâchent rien. On sera plus mitigé sur l’IA des humains.
Un bon petit jeu, donc, imparfait, avec quelques passages pénibles (extérieurs), mais globalement séduisant. Et on se met à rêver d’une suite un peu plus poussée, un peu plus travaillée tant dans ses scripts que dans sa gestion des objets et armes.