Publié le Dimanche 16 juin 2024 à 12:00:00 par La rédaction

 

L'Edito du Dimanche

Il est temps d'éteindre la flamme

Lundi matin, nous nous sommes réveillés avec un goût de vomi dans la bouche. Et tous ceux qui ont déjà eu une soirée bien trop arrosée savent quel effet cela fait. La tronche de travers, les Tambours du Bronx dans la boîte crânienne et l’impression qu’un rien vous sépare d’une remontada d’éléments à moitié digérés dans un liquide gastrique mâtiné d’alcool fort.

Le souci, c’est que dimanche soir, aucun de nous n’avait rien bu. Nous aurons préféré, cela dit, nous être mis minables et que cela explique notre gueule de bois. Mais non. Ce goût de vomi qui depuis une semaine nous est resté dans la bouche, c’est le goût de l’extrême-droite.

Si vous nous lisez depuis longtemps, vous savez que nous n’avons pas attendu ces dernières élections pour nous insurger contre la propagation effarante d’une idéologie nauséabonde au sein de notre société malade de son égocentrisme et de son intolérance. Et ceux qui ont pu s’agacer de nos régulières mises en garde ont aujourd’hui la preuve que c’est un combat de tous les jours, de tous les instants.

Si vous nous lisez depuis longtemps, vous savez à quel point la lutte contre toutes les discriminations est ancrée dans l’ADN de notre site, de notre équipe. Une équipe qui a vu défiler différentes religions, différentes couleurs de peau et qui a déjà coché quasiment toutes les lettres de LGBTQIA+. En termes de diversité, nous pouvons sans clairon ni trompette dire que nous sommes l’un des sites les plus inattaquables, tout en soulignant que nous n’avons jamais, d’ailleurs, à chercher à en être un modèle, mais qu’il s’agit plutôt pour nous d’une simple normalité.

Si vous nous lisez depuis longtemps, vous savez aussi à quel point nous luttons contre toute forme d’atteinte aux droits des femmes.

Et ce sont toutes ces prises de position qui nous font l’ennemi de l’idéologie puante véhiculée par l’extrême-droite.

Nous ne listerons pas ici toutes les preuves, toutes les actions ou toutes les mises en garde liées à des décisions ou des votes qui montrent à quel point le Rassemblement National est un danger pour le droit des femmes, pour les droits LGBTQIA+, pour la Culture en général et à quel point leurs idées véhiculent l’intolérance. D’autres sites l’ont très bien fait et nous vous y renvoyons.

Et ne nous servez pas non plus le discours du « non mais ils ont changé ». C’est faux.

Ce n’est pas parce que tu décides du jour au lendemain de te débaptiser François pour devenir Robert que tu changes de personnalité. Ce n’est pas parce que tu passes à Rassemblement depuis Front que tu changes ta mentalité.
Et de la même manière, si tout le monde te traites de gros con, ce n’est pas parce que tu leur interdis et que tu martèles que tu n’es pas un gros con… que tout à coup, tu n’en es plus un. Ce n’est pas parce que tu réfutes à tout bout de champ la classification d’extrême-droite, que tu n’en fais pas partie. Ce n’est pas parce que tu ne tends plus le bras droit qu’on ne voit plus son ombre.

Nous pouvons comprendre les déçus, les abandonnés, ceux qui conchient la politique actuelle. Nous en faisons partie. Mais le repli sur soi, la haine de l’autre et, pire, le bruit des bottes n’ont jamais été une solution. Jamais. Et ne le seront jamais.

De la même manière, nous avons du mal avec cette mentalité de « on n’a jamais essayé, alors pourquoi pas ? ». Sincèrement, si un type nous dit qu’il a envie de voir ce que ça fait de coller sa bite dans la portière d’une voiture et la fermer violemment, nous n’avons pas besoin d’essayer pour savoir que ça va tout faire sauf du bien.

Et bien le Rassemblement National, c’est idem. Nous n’avons pas besoin d’essayer pour savoir que ça va tout faire sauf du bien.

Et nous continuons de marteler que ces gens-là qui s’estiment être « de vrais Français » et défendre « les valeurs de la France » n’en ont jamais été aussi éloignés. La France, la vraie, c’est la France des échanges, de l’acceptation, de la tolérance, de la mixité, de l’ouverture et de la défense des minorités et des opprimés. C’est ça, la vraie France.

Dès lundi matin, Cedric publiait sur son compte Facebook la vidéo des Bérurier Noir chantant à l’Olympia, en 1989, leur indémodable chanson « La Jeunesse emmerde le Front National ». Chanson qui, à notre grand plaisir, a tourné massivement ces derniers jours sur les réseaux sociaux ou été diffusée dans les manifestations, preuve d’un sursaut (même léger) national.

A ceux qui pensent que « c’était mieux avant », non, tout n’était pas mieux avant.
Mais ça, si.
Dans les années 80, l’idéologie puante du FN faisait se soulever les foules pour lui faire barrage. Prouvez-nous que même aujourd’hui, on peut faire aussi bien qu’avant.

Notre rédaction est composée de personnes de tous âges, de plusieurs générations, de cultures, de religions, de sexualité, de sensibilités politiques différentes. Mais nous nous rejoignons toutes et tous dans cette même lutte contre toute forme de discrimination et d’intolérance.

Beaucoup d’entre nous sont fatigués, dégouttés ou indifférents face aux politiques actuels qui brillent avant tout par leur médiocrité. Mais les 30 juin et 7 juillet, nous irons voter.
Même si nous en avons aussi envie que… de se coincer la bite (ou toute autre partie intime) dans une portière. Parce que voter contre la haine, c’est aussi exprimer une opinion.

Et souvenez-vous : nous sommes tous des enfants d’immigrés. Première, deuxième, troisième génération… il serait de bon ton que l’on s’en souvienne et que la quatrième en ait conscience.

Allez, sur ce,

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.