Publié le Jeudi 27 octobre 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Battlefield 1 (PC, PS4, Xbox One)
La Première Guerre Mondiale, sans les français
Alors que les dernières tendances nous emmenaient vers des guerres futuristes, voire spatiales, la série Battlefield prend tout le monde à contre-pied et s’offre un petit retour aux origines des « sales guerres ». Battlefield 1 nous permet donc de découvrir certains décors et certains affrontements de la Première Guerre Mondiale.Alors, bien entendu, c’est à prendre avec des pincettes. L’arrivée d’un Battlefield 1 tout propret et stylisé jure cruellement avec la tendance actuelle qui nous offre des films dévoilant les vraies horreurs de la guerre, les tripes répandues sur le sol, les corps crispés, les asticots, les gémissements des mourants… Ici, rien de tout ça. Si vous espérez « découvrir ce que fut vraiment la guerre » avec Battlefield 1, vous êtes franchement mal tombé…
Et oui, c’est une critique, mais pas forcément un point négatif puisque ce n’est pas forcément ce que l’on attend d’un jeu tel que Battlefield 1. Même si du coup, le discours très larmoyant, patriotique et héroïque du jeu veut verser dans le réalisme, on reste quand même très loin de ce que fut cette Guerre. On est dans un jeu vidéo et chaque passage va vous le rappeler. Ici, aucun risque qu’un ancien combattant face un malaise comme ce fut le cas à la projection du Soldat Ryan à l’époque, par exemple.
Autre reproche, et par contre, là, on en tiendra réellement rigueur au jeu, les développeurs ont quand même réussi à nous pondre un jeu sur la Première Guerre Mondiale sans même coller le moindre soldat français dans l’histoire.
Dans la campagne solo, particulièrement mal fagotée, on va suivre un italien, un américain, un anglais, et j’en passe, mais pas de français à l’horizon. Pour un conflit qui s’est majoritairement passé sur notre sol, c’est quand même un exploit. Un exploit à la con, mais un exploit quand même.
D’un autre côté… comment dire… la campagne solo dans la série Battlefield a toujours été un énorme gâchis, pour ne pas dire un ratage complet. Les fans les plus aveugles auront beau trouver toutes les circonstances atténuantes du monde, le solo dans Battlefield, c’est de la merde. Point barre.
Autrement dit, je n’en attendais vraiment pas grand-chose dans ce Battlefield 1. Notez que je n’ai donc pas été déçu. Allez, soyons indulgents et disons même que j’ai été parfois surpris. Certes, le level design est bien souvent catastrophique. La partie « anglaise » avec le conducteur de char, en est le parfait exemple. On va de placette en placette avant de terminer à pieds selon toujours le même système : une grande avenue principale et dès que l’on arrive près d’un camp ennemi, on a un petit chemin de traverse pour y accéder discrètement, voire prendre les ennemis à revers. C’est nul, sans imagination mais d’accord, j’avoue, ça se joue quand même jusqu’au bout quand dans les précédents Battlefield, la nullité scénaristique, l’IA catastrophique et le level design pourri m’avaient fait quitter prématurément le jeu.
La mise en scène est prévisible, le tout manque réellement d’intensité et de rythme, et si les cinématiques sont plutôt jolies, elles manquent de réalisme et n’arrivent à aucun moment à vous plonger complètement dans l’histoire, à vous identifier aux héros.
Le pire étant très certainement la traduction française complètement foirée, sorte de google trad des discours patriotiques américains dégoulinant de pathos et à mille lieues des expressions et de l’esprit qui a existé durant « La Der des Ders ».
On parlera aussi des bugs (plusieurs ennemis ou alliés coincés debout, restant sous le feu sans mourir), des tranchées bien proprettes, bien nettoyées, des ennemis capables de vous tirer dessus même à travers un nuage épais de fumée et quelques effets foirés (les flous notamment) pour se dire qu’une nouvelle fois, cette campagne solo de Battlefield 1 n’arrive pas à la cheville de la concurrence en termes d’intérêt, de rythme, de scénario et de mise en scène.
Toutefois, il y a du mieux. Parfaitement. Les décors destructibles (même si ce sont parfois de gros pavés) donnent du peps à l’aventure. Le jeu est beau. Les explosions réussies. Les objectifs clairs et simples. Et les ennemis à abattre innombrables. Du coup, on se prend quand même au jeu. On y prend même du plaisir, à certains moments. C’est dire si les développeurs ont fait des efforts. Et pour le coup, même si le fait d’avoir tout découpé en petits chapitres ne permet pas de s’attacher à un quelconque personnage, cela a au moins le mérite d’éviter toute lassitude et de relancer la machine à chaque fois. N’étant pas capables de pondre une histoire sur la longueur, les développeurs ont opté avec intelligence pour cette solution et ça fonctionne finalement plutôt bien.
Bref, pour conclure, même si cette histoire solo anti-française est encore bourrée d’imprécisions et de défauts, on s’y fait et on ira au bout, juste pour le plaisir de découvrir les décors, les niveaux, les armements, les possibilités du jeu.
Mais bien entendu, et les puristes de la saga vous le diront, Battlefield est une série insignifiante pour son solo et qui vaut surtout pour son multi. Battlefield, ce sont de grandes cartes, des affrontements avec plus d’une centaine de joueurs, une ambiance du tonnerre, un level design cette fois-ci incomparable, des graphismes qui déboîtent, des véhicules en veux-tu en voilà, et un savoureux mélange de combats et de stratégie d’équipe.
On vous rassure, c’est encore une fois le cas ici. Même si on ne manquera pas de râler et d’insulter copieusement ces bâtards de développeurs qui ont encore une fois oublié les soldats français, uniquement disponibles dans un futur DLC.
Pour rappel, messieurs de chez DICE, on compte plus de 5 millions de morts côté alliés : 25% de français, 16% d’anglais (dont la stratégie et la préparation est aujourd’hui montrée en exemple de ce qu’il ne faut pas faire dans les académies militaires), 12% d’italiens, 30% de russes (eux aussi en DLC) et… seulement 2% d’américains… Pire, en comptant les blessés, le chiffre de soldats français touchés à la guerre est de 5,4 millions de militaires quand ils sont 2,4 millions d’anglais et 300 000 américains… Alors s’il y avait bien une armée anecdotique… elle n’était pas française. Ni russe.
Côté Empires Centraux, ce sont plus de 4 millions de morts, à 52% allemands, 35% austro-hongrois et 10% ottomans.
Bref, zapper l’armée française du conflit c’est comme si on faisait un jeu sur la Guerre du Viêt-Nam en ne mettant l’honneur que les soldats sud-vietnamiens et en reléguant l’armée américaine au rang de « DLC ». De « détail », quoi. Alors oui, c’est un détail. Mais merde. On a notre fierté. Bordel.
Mais revenons à nos moutons. Souvenez-vous : Battlefield 1 n’est qu’une représentation stylisée et modernisée de la Première Guerre Mondiale et en rien un « témoignage » ou une évocation réaliste du conflit. Quand on a compris ça, on peut se détendre et se laisser aller à goûter les joies d’un multi toujours aussi bien maîtrisé.
Quatre classes de soldats vous attendent : Assaut, support, medic et sniper. On passe le fait qu’une classe sapeur aurait pu faire souffler un vrai vent nouveau sur le genre et offrir d’innombrables possibilités pour se dire que malgré tout, les développeurs ont su renouveler leurs bases. Le medic est plus medic que jamais, l’assaut s’offre des compétences anti-char, le support a un rôle majeur dans l’approvisionnement d’explosifs face aux blindés, et le sniper possède un vrai rôle de reconnaissance. Le vrai plus est surtout la disparition des facilités balistiques (munitions guidées ou à effets dévastateurs) pour s’orienter vers des affrontements où le niveau des joueurs est beaucoup plus mis en avant. Plus de bombes ou lance-roquettes. Les réflexes, la précision et l’intelligence de jeu auront la part belle dans les conditions de victoire. Notamment en ce qui concerne l’utilisation de votre classe. Aller au corps-à-corps avec un sniper ou même tenter des tirs lointains avec un assaut sont des erreurs malheureusement souvent rencontrées lors des parties, mais qui seront immédiatement sanctionnées.
De la même manière, les véhicules, plutôt bien équilibrés, avouons-le, sont lents et vulnérables. Avions et tanks peuvent tout à fait devenir la cible de l’infanterie et, surtout, devront être couverts pour survivre. Lancer un char seul à l’assaut relève du suicide. Les armes, d’ailleurs, même si elles sont bien plus variées que le simple fusil Lebel, principale arme utilisée à l’époque… du côté français, donnent le ton : moins efficaces, plus lentes et plus lourdes que les armes modernes, elles nécessiteront un temps d’adaptation et les habitués à un genre en profiteront peut-être, du coup, pour changer. Ce fut mon cas, notamment. J’ai redécouvert le bonheur des simples fusils au coup par coup. Et ça fait un bien fou.
Autre bonne idée introduite dans le jeu, l’équipe en position de faiblesse sera dotée d’un atout de poids au beau milieu de la partie : train blindé, zeppelin… un soutien important mais loin d’être décisif qui rééquilibrera les forces pour un temps.
Le tout sur 9 cartes au level design impeccable. DICE maîtrise son sujet. Du coup, 9 cartes, c’est franchement peu. Je sais que ça devient la norme, mais il n’y a pas de raison qu’on l’accepte sans râler. 12 cartes, franchement, c’est le strict minimum. Il en manque donc 3 pour nous contenter (une dixième devrait être offerte en décembre). Du désert aux montagnes, de la forêt au village en ruines, du château à la forteresse sur une petite île, vous allez visiter Suez, Argonne, Saint-Quentin, le Sinaï, Amiens… vous allez visiter du pays. Chaque carte a ses particularités, ses véhicules, sa topographie avec laquelle il faudra impérativement composer.
Graphiquement, d’ailleurs, surtout sur PC, le jeu envoie du lourd. Sur consoles, il reste quelques imperfections, baisses de framerate, bugs et aliasing, mais ça reste quand même impressionnant. Le jeu est donc superbe. Les explosions, les effets de fumée, les nombreux détails qui fourmillent dans les cartes, les véhicules impeccables… ajoutez à cela une bande-son superbe (hormis la musique de la campagne solo, stupidement larmoyante comme dans un mauvais documentaire) et vous aurez un jeu qui visuellement dépote.
Conquest, Rush, Team Deathmatch, Domination sont des modes classiques, agrémentés par des petits nouveaux : Opérations dont le but est de tenir plusieurs secteurs de la carte, tout en évitant les attaques ennemis. Les assaillants ont un nombre de vie limitée pour reprendre ces points. Un mode plutôt rythmé, qui demande une vraie coordination d’équipe, et qui propose un challenge intéressant.
L’autre mode est le mode « Pigeon », uniquement disponible pour le moment pour ceux ayant précommandé le jeu : il faudra choper un pigeon apparaissant de manière aléatoire sur la carte et le garder le plus longtemps possible. Un Capture the Pigeon qui vous oblige à bien gérer votre temps et vos déplacements : tout le monde sait où se situe le pigeon sur la carte, et vous devez le garder suffisamment longtemps pour qu’un message soit écrit et envoyé à l’artillerie. En espérant qu’en relâchant le pigeon, personne ne se mette à tirer dessus sous peine de tout devoir recommencer.
Bref, ce multi de Battlefield 1 est bien maîtrisé, toujours aussi plaisant à jouer, captivant, et la transposition dans une Première Guerre Mondiale revue et corrigée est une vraie réussite.
Au final donc, si l’on occulte une campagne solo toujours désolante, mais en progrès, Battlefield 1 reste dans la lignée de ses prédécesseurs : un jeu multijoueur efficace, bien pensé, bien équilibré, et qui s’inscrit comme un indispensable du genre. J’avoue toutefois que l’absence de l’armée française aurait très largement mérité un point de moins dans la note. Je me suis retenu avec peine.
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Battlefield 1 (PC, PS4, Xbox One)
Plateformes : PC - Xbox One - PS4
Editeur : Electronic Arts
Développeur : DICE
PEGI : 18+
Prix : 60 €
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