Publié le Vendredi 8 novembre 2024 à 12:00:00 par Théo Valet
Life is Strange : Double Exposure (PS5)
Quasiment 10 ans qu’on attendait cette suite !
Après neuf ans d'attente, la suite des aventures de Max Caulfield après les événements d'Arcadia Bay est enfin là ! Max a bien grandi et travaille désormais comme assistante en photographie à l'université de Caldeon, à Lakeport, aux États-Unis.Les souvenirs d'Arcadia Bay la hantent encore, mais elle a su aller de l'avant et se reconstruire, nouant de nouvelles amitiés, notamment avec Moses et Safie. Malheureusement, cette vie paisible bascule brusquement : Safie est assassinée dans des circonstances mystérieuses.
Bouleversée par la perte de son amie, Max décide de réutiliser ses pouvoirs, qu’elle n’a plus utilisés depuis la catastrophe d’Arcadia Bay.
Mais cette fois, ses capacités semblent s'être amplifiées : au lieu de simplement remonter le temps, elle ouvre un portail vers un monde parallèle où Safie est encore vivante.
Max comprend vite que le danger rôde toujours, menaçant la vie de Safie. Elle se lance alors dans une enquête effrénée, jonglant entre les temporalités pour découvrir l'identité de l'assassin et protéger son amie.
En lisant ce pitch, on retrouve tous les éléments qui ont fait le succès du premier Life Is Strange. Max est de retour, toujours aussi géniale et attachante dans cet épisode, et on est happé par l’aspect enquête, avec ce meurtre mystérieux à élucider. L’importance de la photographie, si marquante dans le premier opus, est également au rendez-vous, revisitée pour apporter une touche contemporaine au récit. Rassurez-vous, pour vous laisser le plaisir de découvrir l’histoire par vous-même, je ne dévoilerai aucun élément clé de l’intrigue dans ce test.
Parlons du gameplay : simple, peut-être même un peu trop. On explore des zones de jeu qui contiennent des objectifs principaux, secondaires, ainsi que des objets à collectionner sous forme de Polaroids.
Dans cet épisode, le pouvoir de Max a évolué : au lieu de remonter le temps comme avant, elle peut désormais percevoir une temporalité parallèle et y accéder via des passages qu’elle identifie visuellement ou auditivement (le son de ces passages, d’ailleurs, devient assez agaçant à force). Les puzzles reposent presque entièrement sur cette mécanique de changement de temporalité : un chemin obstrué peut être contourné en basculant de dimension, ou un objet manquant dans une temporalité peut être trouvé dans l'autre. À première vue, cela pourrait sembler technique, mais les énigmes restent en réalité très simples. J’aurais aimé que le jeu explore davantage les possibilités de cette mécanique, qui aurait permis des situations bien plus créatives et complexes. Malheureusement, tout est beaucoup trop guidé, que ce soit par les dialogues de Max, qui révèlent souvent la solution, ou par des indications visuelles dans le jeu. Au final, on progresse rapidement, sans réel défi ni nécessité de réflexion poussée.
Sur une note plus positive, l’exploration est toujours aussi plaisante. Certes, les déplacements manquent un peu de fluidité, et les zones de jeu sont parsemées de murs invisibles qui gâchent un peu l’immersion. Mais j’ai adoré retrouver ces petites activités annexes qui, même si elles n’apportent pas de grandes révélations, enrichissent l’expérience en donnant des informations supplémentaires sur les personnages. Le plaisir est aussi dans le fait de découvrir des éléments que peu d’autres joueurs ont trouvés.
Ce que j’ai vraiment adoré pendant les phases d'exploration, c’est la possibilité de photographier des éléments pour alimenter le réseau social intégré au jeu. Ce choix s’intègre parfaitement à la passion de Max pour la photographie, et il permet aussi de créer une narration plus personnelle en publiant nos clichés. Voir les réactions des autres personnages aux photos et en apprendre davantage sur eux à travers leurs commentaires est un vrai plus.
Ce réseau social a également un autre rôle : il nous permet de garder contact avec les personnages du premier jeu et d’apprendre ce qu’ils sont devenus depuis les événements d’Arcadia Bay, ce qui est un beau clin d'œil pour les fans.
Puisqu’on aborde les personnages du premier opus, il faut dire que situer l’histoire plusieurs années après les événements d’Arcadia Bay implique inévitablement des évolutions et des absences. Deck Nine Games a opté pour introduire de nouveaux personnages, reléguant ceux du premier jeu à des mentions à travers le réseau social de Max ou quelques vieilles photos. Ce choix peut être un peu frustrant, surtout en ce qui concerne Chloé, car même si sa présence aurait marqué, il aurait été complexe de concevoir une intrigue à la fois avec et sans elle, en tenant compte des différentes fins du premier opus.
Cela dit, un petit récapitulatif visuel de ce qu’a traversé Max depuis Arcadia Bay aurait été intéressant. Quelques flashbacks ou souvenirs visuels auraient sans doute apporté plus de profondeur qu’une simple mention en dialogue. En prenant du recul, cependant, ce choix narratif se révèle assez judicieux et peu gênant pour l’expérience de jeu : il permet d’avancer dans l’histoire tout en laissant une porte ouverte aux interprétations personnelles de chaque joueur.
L’un des grands atouts de ce nouvel opus réside dans ses nouveaux personnages, qui deviennent vite attachants, en particulier Safi et Moses. Dès le premier chapitre, l’écriture les rend captivants, et on a envie d’en apprendre plus sur eux. J’ai particulièrement apprécié le traitement de Safi, qui est d’abord présentée comme une amie formidable et une personne exceptionnelle, avant qu’on découvre progressivement des facettes plus nuancées de sa personnalité, ce qui enrichit notre perception d’elle.
Petite anecdote : lorsque j’ai accepté de tester le jeu, je me suis volontairement abstenu de lire le synopsis, sachant simplement que Max était de retour avec un nouveau pouvoir lié aux temporalités. Ainsi, le meurtre de Safi, qui survient assez tôt dans l’histoire, m’a pris par surprise et m’a vraiment touché, tant le personnage se rend rapidement attachant. J’aurais aimé que cette information soit gardée secrète pour permettre à chaque joueur de ressentir pleinement cette surprise et cette motivation à démasquer le meurtrier.
Concernant les autres personnages, le jeu introduit un éventail de personnalités diverses qui, dès les deux premiers chapitres, posent des bases solides pour l’intrigue et offrent une bonne immersion. Cependant, c’est regrettable que certains d’entre eux ne bénéficient pas du même soin par la suite, au profit de l’histoire principale. Loretta Rice, par exemple, semble initialement jouer un rôle important, mais son développement s’estompe rapidement, ce qui donne un sentiment de potentiel inexploité.
Le récit global de cet opus est captivant, en particulier grâce au jeu entre les deux temporalités et les subtils contrastes qu’on découvre peu à peu entre elles. Les quatre premiers chapitres sont extrêmement prenants, avec un rythme bien dosé et une intrigue qui défile sans qu’on ne voit le temps passer.
Les nombreux retournements de situation apportent un vrai plaisir, et certains d’entre eux sont assez inattendus pour surprendre même les plus attentifs. C’est grisant de voir les éléments de l’intrigue s’imbriquer tout en sentant qu’on frôlait la vérité sans jamais complètement la saisir.
Cependant, le gros rebondissement arrive un peu trop tôt dans le jeu, et l’histoire perd ensuite un peu de sa tension. L'enchaînement des événements s'accélère de manière peut-être trop précipitée, ce qui rend le dernier chapitre moins marquant et un peu chaotique par rapport à la qualité des précédents. Bien qu’il ne soit pas mauvais en soi, ce final s’aventure davantage dans le fantastique, s’éloignant de l’aspect réaliste qui fait le charme de la série. Il est possible que j’aie eu des attentes un peu trop élevées pour cette conclusion, surtout après la fin mémorable du premier jeu, qui avait laissé une empreinte forte chez beaucoup de joueurs, moi y compris.
Les choix dans le jeu sont nombreux, que ce soit au niveau des dialogues ou des décisions importantes, qui sont d’ailleurs bien mises en évidence pour ne pas passer inaperçues. Ces choix permettent de moduler l’histoire, en offrant des variations selon nos décisions. Cependant, j’ai trouvé qu’ils ne modifiaient pas fondamentalement le cours des événements.
Il est vrai que créer une narration avec des choix multiples et des ramifications importantes est un défi, surtout en comparaison avec un jeu comme Detroit: Become Human, qui propose une telle variété de chemins qu’il faudrait de multiples parties pour découvrir toutes les conséquences. Ici, l’approche est plus simple et linéaire, ce qui limite les grandes divergences dans le récit, mais cela n’affaiblit pas pour autant l’expérience de jeu, qui reste immersive et engageante.
Sur le plan technique, le jeu est globalement réussi, même s'il présente quelques petits couacs. Rien de bloquant toutefois, juste quelques bugs mineurs, comme des soucis de sous-titres, d’affichage pendant les cinématiques, ou des textures un peu lentes à charger.
Visuellement, le jeu est soigné avec des environnements bien réalisés et immersifs. Les personnages sont également réussis, même si certains détails, notamment au niveau des cheveux et de la barbe, manquent parfois de texture et de finesse. L’ambiance est particulièrement intéressante : l’histoire se déroulant en hiver, on ressent une atmosphère à la fois cosy et glaciale, en contraste avec la tension de l’enquête pour meurtre. J'ai particulièrement apprécié le moment où l'on ouvre un portail entre les deux temporalités, révélant les différences d'ambiance. La temporalité où Safi est décédée semble terne et éteinte, tandis que celle où elle est vivante est lumineuse et chaleureuse, capturant l'essence de la période hivernale. Passer d’une temporalité à l’autre est vraiment marquant et ajoute une profondeur bienvenue à l’expérience.
Du côté musical, l’ambiance est tout aussi réussie. Les choix de musiques sont bien adaptés aux thèmes du jeu, tout en apportant cette touche cosy qui accentue l’ambiance hivernale, rendant le tout encore plus immersif et agréable.
Avis personnel sur le jeu et Conclusion
J’ai autant aimé ce Life is Strange : Double Exposure que j’ai été frustré par certains de ses aspects. Peut-être ai-je placé le premier opus sur un piédestal trop élevé, mais dans mes souvenirs, le jeu original excellait à développer ses personnages tout en déroulant une intrigue captivante de bout en bout. Le gameplay y trouvait aussi un parfait équilibre, offrant au joueur une juste dose d’interactivité, entre spectateur et acteur, ce qui en faisait un jeu narratif remarquablement équilibré.
Dans cet opus, j’aurais vraiment souhaité approfondir davantage les personnages secondaires et multiplier les interactions pour m’y attacher davantage et mieux les connaître. Bien que Max soit bien développée ici, j’aurais aimé la voir davantage dans son rôle d’assistante : des moments avec ses élèves (qui sont aussi des personnages secondaires) auraient permis de voir son évolution de jeune femme timide, en manque de confiance en elle, à une mentor capable de transmettre son savoir.
En ce qui concerne le gameplay, j’aurais aimé une exploitation plus poussée du voyage entre temporalités et des possibilités qu’il recèle. Dans le jeu, si l’on utilise fréquemment le changement de temporalité, on mobilise peu le déplacement d’objets d’une temporalité à l’autre, malgré son introduction qui en promettait davantage. Ce potentiel inexploité laisse un goût d’inachevé, car il aurait pu ajouter des mécaniques vraiment intéressantes.
Enfin, comme mentionné plus haut, une fin plus terre à terre et marquante aurait, selon moi, donné encore plus d’impact à l’histoire.
Reprendre l’histoire de Max après le travail de Dontnod Entertainment était une tâche délicate, mais dans l’ensemble, Deck Nine s’en est bien sorti, apportant même leur propre touche. Vu la fin, on peut s’attendre à une suite pour Max, et je me demande où elle nous emmènera. Par souci de ne rien divulgâcher, je ne peux pas en dire trop, mais je ne sais pas si je l’attends avec impatience ou appréhension. Nous verrons ce que l’avenir réserve à Max dans quelque temps !
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Life is Strange : Double Exposure (PC, Xbox Series, PS5)
Plateformes : PC - PS5 - Xbox Series
Editeur : Square Enix
Développeur : Deck Nine Games
PEGI : 16+
Prix : 59,99 €
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