Publié le Lundi 7 septembre 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Metal Gear Solid V : The Phantom Pain (PC, PS4, PS3, Xbox One, Xbox 360)
Le meilleur jeu de la série ?
Que ce soit clair dès le départ. Je n’ai jamais été un fan des jeux Metal Gear. Même si j’ai joué à quasiment tous les épisodes, j’avoue n’avoir jamais vraiment apprécié le style Kojima que j’ai toujours trouvé pompeux (je parle de son style, notez bien). Vidéos interminables et chiantissimes, réalisation qui se veut cinématographique mais n’est qu’à peine digne d’une série Z, et scénario bidon et prévisible, aux rebondissements faiblards.Voilà pour le taillage de costard d’entrée.
Une petite précision toutefois s’impose : Si je n’ai jamais beaucoup aimé le style Kojima et que je ne me déclare pas fan des jeux Metal Gear, cela ne signifie pas pour autant que je ne les apprécie pas. Ni que je ne les considère pas dans l’ensemble comme de bons, voire de très bons jeux pour certains épisodes de la série. Bref, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Comme au resto, on peut ne pas être particulièrement séduit par le cadre, mais se laisser convaincre par le menu.
Cette petite précision était sans doute importante pour expliquer quelques choix et avis qui seront présentés dans ce test. Comme l’introduction au jeu, par exemple. Une introduction longue. Trop longue. 1h30 à se traîner dans les couloirs d’un hôpital sans agir, à uniquement subir les évènements, et à n’avoir strictement aucun choix ni impact sur le jeu. Avec qui plus est un gameplay réduit à son strict minimum. Alors certes, c’est du pur « Kojima ». Mais personnellement, du pur Kojima, ça me suffit pendant 10 minutes. Là, plus d’une heure, ce n’est plus du plaisir mais de la torture. Même si je lui trouve un certain style – mais assez peu d’intérêt – j’ai détesté cette intro. Et pourtant, je sais que les purs fans de la saga sont aux anges en y jouant, en se retrouvant dans cette ambiance, dans ce style si particulier qui a fait la réputation de son créateur…
En effet, Metal GearSolid V : The Phantom Pain s’ouvre sur le réveil de Big Boss. Snake a passé 9 années dans le coma et n’est plus que l’ombre de lui-même. Diminué, amputé, il va passer près d’une heure et demie (voire presque deux heures) que dure cette interminable intro à gémir et à se trainer comme une loque.
Comment en est-il arrivé là ? Kojima ne s’embarrasse pas de présentation ou de « rappel des faits ». Fan service oblige (et c’est bien dommage pour ceux qui ne connaissent pas bien ou pas du tout la série), vous êtes jetés immédiatement dans le bain. Snake réveillé, des soldats vont investir l’hôpital et faire place nette pour avoir sa peau. Tout le monde va y passer, des patients aux médecins, le tout dans des gerbes de sang et autres effets sanguinolents exagérés.
Heureusement, ce n’est donc qu’une intro. Et autant elle est cloisonnée, dirigiste et ennuyeuse, autant le reste du jeu vous offre une impression de liberté comme jamais nous n’avons eu dans la saga. Une fois sauvé, Snake va être transporté dans la Mother Base. Une plateforme pétrolière. Et de là, Big Boss va tenter de recruter sa nouvelle armée et lutter contre un nouveau péril. Les missions sont proposées au fur et à mesure. Si les premières sont imposées et servent de tutoriel, les suivantes pourront être plus ou moins jouées dans n’importe quel ordre.
Chaque mission se décide et débute à partir de la Mother Base. C’est là que vous allez choisir votre équipement.
Mieux encore : c’est là que vous allez développer de nouvelles technologies. Ainsi, vous pourrez par exemple améliorer vos armes, vos pièges, vos tenues, et j’en passe. Pour ce faire, il va falloir recruter de gré ou de force du personnel. Les soldats ou scientifiques à exfiltrer durant vos missions viendront vous offrir leurs compétences. Mais vous pourrez aussi recruter n’importe quel soldat rencontré sur le terrain. Il suffit de l’attacher à un ballon et il sera propulsé dans les airs et récupéré par vos alliés.
Vous devrez alors l’assigner à une tâche particulière, du genre unité de soutien ou R&D...
Vous allez donc développer vos équipements, développer votre base, sachant que chaque personne a un degré de compétence. Plus votre équipe sera compétente, plus elle pourra faire des recherches intéressantes et développer des équipements de haut niveau.
Il y a une vraie partie gestion dans ce MGS V, et elle vous obligera à réfléchir et faire des choix, liés inévitablement à votre façon de jouer et aux équipements que vous utiliserez personnellement le plus sur le terrain.
Bonne nouvelle : à part quelques-unes disséminées çà et là durant l’aventure, il n’y a plus ces longues vidéos interminables censées introduire une mission. Et ça, ça fait du bien. Le jeu s’en veut plus rythmé et nettement moins contemplatif que les précédents opus. Là encore, les puristes seront peut-être déçus. Personnellement, c’est un vrai point positif. Et si vous êtes vraiment en manque, vous pourrez toujours vous taper les cassettes audio qui développent et approfondissent l’histoire, les personnages, les lieux, le monde dans son ensemble. Accessoire, mais primordial pour les fans les plus passionnés.
Par contre, en guise de monde ouvert, même si les lieux se présentent comme une grande et unique carte, il s’agit la plupart du temps d’être déposé en hélico près d’un point de mission, puis récupéré par la suite un peu plus loin. On vous conseille quand même d’explorer régulièrement les environs pour découvrir bonus, plantes, animaux à étudier, et j’en passe.
Sur le terrain, vous allez progresser à pied ou à cheval dans les reliefs montagneux d’Afghanistan, puis dans des décors un peu plus touffus d’Afrique. Avec ce que cela comporte de villages et de postes de gardes. Ici, pas de villageois innocents. Toute personne rencontrée est potentiellement un ennemi. Et parfois, ils sont très nombreux… Les premières missions vous expliqueront bien comment vous servir de vos jumelles à distance pour identifier les lieux et les gardes, qui seront alors « allumés » pour vous permettre de suivre leurs déplacements, et comment pénétrer furtivement dans une zone pour au choix, éliminer vos adversaires sans se faire remarquer, ou les éviter. Ce qui n’empêche pas quelques échanges musclés de coups de feu. Notamment quand un ennemi non décelé débarque d’un seul coup, ou qu’un autre décide de faire demi-tour alors que vous étiez persuadé qu’il partait faire sa ronde…
Parfois, quelques compagnons, dont un chien, le D-Dog, vous accompagneront. Les interactions sont toutefois assez limitées.
Proposant un gameplay riche et varié en raison d’innombrables équipements et armes, Metal Gear Solid V se déroule dans des paysages somptueux. Alors certes, c’est un peu vide. Ce n’est pas non plus totalement parfait, notamment en ce qui concerne les collisions avec les décors, ou encore certaines textures perfectibles. Mais globalement, MGS V est joli. Très joli. Sur consoles next-gen et PC, il claque gentiment et on se fait parfois plaisir en admirant tout simplement les montagnes afghanes autour de soi…
Autre bon point : le doublage de Kiefer Sutherland est excellent et fait honneur à l’ancien doubleur officiel du personnage. L’ambiance est captivante, le jeu n’est pas si facile et certaines missions sont particulièrement coton.
On regrettera toutefois quelques petites choses. Et non des moindres. Si l’IA est globalement satisfaisante en ce qui concerne la ronde des ennemis et leurs déplacements, elle a parfois quelques ratés. Genre tuer un garde sans que son acolyte ne bouge ou ne s’inquiète. C’est rare, mais ça arrive encore. En combat, également, le comportement des soldats est largement perfectible. Ils ont tendance à s’amonceler au même endroit, vous permettant de les dézinguer plus facilement. Ou utilisent parfois n’importe comment leurs grenades.
Autre reproche : le contenu global du jeu. Certes, c’est long. C’est plutôt bon. Très bon, même. Mais les missions se suivent et ont tendance à se ressembler. Le scénario, plutôt plat, manque de rebondissements, de points d’orgue.
Bref. Metal Gear Solid V : The Phantom Pain est un jeu innovant dans la série. Dans le sens où il se démarque dans anciens opus en proposant un monde plus ouvert, des missions qui s’enchaînent de façon plus rythmées, et un côté gestion de sa base plutôt intéressant et bien fait. Le tout sans sacrifier à son gameplay entre infiltration et action, une prise en main simple et efficace, et des personnages hauts en couleur (mention spéciale pour Quiet, femme d’action qui mériterait presque d’avoir son spin-off). Ça n’est pas pour autant un jeu parfait. Une IA perfectible, des missions finalement redondantes nuisent à l’expérience globale. Que ces points négatifs ne vous fassent toutefois pas douter de l’excellence de cet opus. Metal Gear Solid V est un très bon jeu. Accessible même à ceux qui sont étrangers à la série. Tout en ne négligeant pas le côté fan-service grâce aux nombreux clins d’œil et références. Bref, sans doute l’un des meilleurs jeux de la saga. Tout simplement.
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Metal Gear Solid V : The Phantom Pain (PC, PS4, PS3, Xbox One, Xbox 360)
Plateformes : PC - Xbox 360 - PS3 - Xbox One - PS4
Editeur : Konami
Développeur : Kojima Productions
PEGI : 18+
Prix : 60 €
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