Publié le Vendredi 26 mars 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Dry Drowning (Nintendo Switch)

Plongée en eaux obscures

Un visual novel, pour ceux qui ne connaissent pas le genre, est un roman graphique interactif. Un jeu qui doit être joli, avec une chouette histoire, entre jeu vidéo, roman et BD.
Bon, en réalité, c’est souvent con, pas forcément joli et chiant, mais c’est aussi parce que les romans visuels sont majoritairement d’inspiration manga et que personnellement, je n’aime pas les mangas.

Dry Drowning est un roman visuel développé par un studio italien. Le titre lorgne du côté BD réaliste à l’ambiance sombre et inquiétante. Et forcément, ça nous a interpelé. Assez pour qu’on y jette un coup d’œil.

Le jeu est déjà sorti sur Steam en août 2019. Il y a connu un joli succès, qu’il convenait de confirmer sur Nintendo Switch, plateforme sur laquelle il vient de débarquer. Petite précision toutefois, qui a son importance. Une énorme importance : le titre n’est pas disponible en français. Uniquement en anglais ou en italien. Et il vous faudra un niveau correct, voire bon, pour en comprendre toutes les subtilités de langage. Vous risqueriez de passer à côté d’un élément important si vous ne maîtrisez pas un minimum la langue de Shakespeare.

Le jeu se déroule en 2066, dans une ville sous le joug d’une justice implacable. Les libertés sont restreintes et la population sous surveillance. Vous incarnez Mordred Foley, un détective privé qui a connu des jours meilleurs. Il partage sa vie avec Hera, une jeune pianiste immigrée. Comme les finances de son bureau de détective, sa relation avec Hera est au bord du gouffre.
Ambiance pesante, façon film Noir, Dry Drowning ne renie pas ses influences : David Fincher (Seven), David Lynch (Twin Peaks) voire Terry Gilliam (Brazil) sont à l’honneur. Le jeu ne cesse d’ailleurs d’emprunter aux grands classiques des polars sombres et des dystopies pesantes. Mais il le fait bien. Avec une subtilité qui relève plus de l’inspiration que du plagiat.  


La secrétaire d’un parti d’extrême-droite, parti mêlé à des exactions, engage alors Mordred dans le but d’innocenter son patron, accusé d’un crime. Selon elle, son patron, favori pour les prochaines élections municipales, est victime d’une kabbale. Même si Mordred l’exècre, il est devant un choix crucial : accepter et risquer d’innocenter une ordure, ou refuser et risquer de devenir la cible d’un homme puissant capable de lui nuire. Ou de nuire à sa compagne…

Dans tous les cas, vous allez être plongé dans une enquête aux multiples embranchements, aux choix qui auront des conséquences parfois lourdes, le tout pour atteindre l’une des trois fins disponibles…

D’interrogatoires en études de scènes de crime, vous allez bénéficier d’aides particulières. Déjà, Mordred a la capacité de sentir quand quelqu’un lui ment. Ensuite, chaque info, chaque indice est répertorié dans votre bracelet interactif et vous pourrez ainsi débloquer de nouvelles questions, de nouveaux éléments, bref, progresser dans l’aventure. Ces allers-retours, pas gênants outre mesure, avec votre interface sont essentiels et primordiaux.

Au global, l’histoire est rapidement captivante. Si l’interface est perfectible, si le système de jeu aurait pu être amélioré, si certains personnages n’échappent pas à une certaine caricature et si, au global, l’ambiance aurait pu être peaufinée, tant visuellement (personnages un peu rigides) que musicalement (les thèmes manquent de relief), Dry Drowning reste une réussite. Certes, il faut comprendre l’anglais. Mais dans l’ensemble, l’ambiance pesante, l’histoire passionnante, les personnages attachants et la durée de vie honnête (comptez une dizaine d’heures) offrent une aventure vraiment plaisante et intéressante.

Bref, c’est une agréable surprise.